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mercredi 2 août 2017

Au revoir, Lili...

Illustration d'Arthur Rackham
(tirée d'«Alice's Adventures in Wonderland»)
Source: Wikimedia Commons

Depuis bientôt 8 ans, Lili lit. Elle lit tout ce qui lui passe sous la main, tout ce qui lui caresse le coeur. Elle farfouine dans les rayonnages. Elle se laisse inspirer par son entourage. Elle accepte les défis. Elle laisse le hasard décider. Elle plonge sans hésiter. Elle découvre, elle s'émerveille, elle rit souvent comme une gamine, elle fronce parfois les sourcils. Et elle écrit. Des mots à elle, pour donner des ailes à ceux des autres. 

Mais à force de tourbillonner d’un imaginaire à l’autre, sans prendre le temps de défaire ses valises, Lili s’est épuisée la pétillance du regard. S’est usée les virgules. À n’en plus trop savoir quoi lire. À s'en rendre la plume muette. À ne plus trop désirer, même, traverser de l’autre côté des miroirs. 

Lili a donc besoin de se poser un moment. Sans destination précise. Dans son réel bien à elle. À tenter de se cultiver de nouveau les envies littéraires. À essayer timidement de faire s'épanouir la sienne, de plume. Lili part en quête de son pays des merveilles...

Il y aura donc silence radio. Le temps qu’il faudra. En espérant, peut-être, un retour inespéré dans ce joyeux capharnaüm…

Merci à tous et toutes d’avoir lu et cru en Lili.


Au plaisir de vous recroiser, peut-être, entre les lignes...

dimanche 16 juillet 2017

L'histoire extraordinaire d'Adam. R. : le nain qui devint géant


Par Didier Lévy, illustré par Tiziana Romanin, chez Sarbacane.
Résumé de l'éditeur:
«Voici l’histoire véridique du seul nain qui, devenu adulte, se remit soudain à grandir et devint un géant de 2 m 34. Elle nous est contée ici par son voisin : à 4 ans, il fait la même taille qu’Adam, qu’il prend pour un enfant comme lui, puis il grandit et dépasse Adam, toujours nain. Avant d’assister à sa métamorphose incroyable, unique au monde : Adam, soudain, ne s’arrête plus de grandir…»

La différence est un étrange clin d’oeil de l’ordre des choses. La différence rend unique. La différence rend extraordinaire. Mais la différence rend, parfois, aussi, seul. Seul au beau milieu d’un monde à oeillères à qui l’inexplicable donne le vertige. Heureusement, certains savent voir autrement. Certains savent distinguer le précieux et le vrai à travers les brumes mensongères du regard des autres. Certains savent aimer en dehors des sentiers battus. Sur la pointe des mots, Didier Lévy chuchote au lecteur l’histoire incroyable et irrésistible des entourloupes de la coquine génétique de ce fameux Adam R. qui rendit l’impropable possible. Bercé par l’univers visuel tout en tendre finesse de Tiziana Romanin, à la palette feutrée et aux textures éloquentes, racontant l’indicible en multipliant les détails évocateurs, ce touchant opuscule sait dire l’amitié inconditionnelle, celle qui ne s’enfarge pas dans les conventions d’une société que le singulier déstabilise. Sublime!


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮  

dimanche 2 juillet 2017

La légèreté


Scénario et dessins de Catherine Meurisse, chez Dargaud.
Résumé de l'éditeur:
«Dessinatrice à Charlie Hebdo depuis plus de dix ans, Catherine Meurisse a vécu le 7 janvier 2015 comme une tragédie personnelle, dans laquelle elle a perdu des amis, des mentors, le goût de dessiner, la légèreté. Après la violence des faits, une nécessité lui est apparue : s'extirper du chaos et de l'aridité intellectuelle et esthétique qui ont suivi en cherchant leur opposé – la beauté. Afin de trouver l'apaisement, elle consigne les moments d'émotion vécus après l'attentat sur le chemin de l'océan, du Louvre ou de la Villa Médicis, à Rome, entre autres lieux de renaissance.»

Il y a de ces moments où le temps s’arrête net. Figé. Tétanisé. Forcé de freiner au vol son sablier inéluctable, sous le choc de l’innommable. De ces moments qui font disparaître l’horizon, et tomber l’insouciance en miettes. Des moments qui font entrer le sable de l’horreur et du doute dans l’engrenage autrement bien huilé de l’existence. Qui réécrivent les règles et redessinent l’avenir. Des moments desquels on peut se sortir vivants, mais qui obligent à réapprendre à vivre. Tout en simplicité, Catherine Meurisse raconte à sa manière comment cette tragédie lui a fait perdre pied, chamboulant ses repères sans ménagement, la coupant du réel, qui poursuivait inexorablement son cours sans se soucier de son âme en morceaux, et lui volant sa capacité à voir autrement, à être sensible à l’imperceptible beauté tapie entre les bêtises de l’Homme. À travers un univers visuel à l’éloquence ébouriffée et à la palette évocatrice, cet opus sait dire l'insaisissable et le déroutant tout en nuances, avec justesse et authenticité. Une bouffée de sublime et de remuant qui dévoile l'insoutenable sous un jour troublant d'humanité, et jaillir l’espoir là où on l’y attend le moins.  

Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮ 

vendredi 23 juin 2017

Les luttes fécondes : libérer le désir en amour et en politique

Par Catherine Dorion, collection Documents, chez Atelier 10.
Quatrième de couverture (extrait):
«En politique comme en amour, nos énergies sont, la plupart du temps, soigneusement contenues à l’intérieur de cadres qui «organisent» les liens qui nous unissent, et qui empêchent les révolutions de prendre pied. Le couple. Nos institutions politiques. Les élections. Ce livre parle du désir qui cherche à s’exprimer entre deux (ou cent-mille) personnes, et de ce qui a été mis en place pour le garder emprisonné. Ce livre est un plan d’évasion.»

Dans nos sociétés bien organisées, l’humain tend à vouloir encadrer tout ce qui veut sortir des ornières : les idées, les pulsions, les initiatives, le démesuré, le spontané, l’irrésistible. L’humain veut encadrer le sublime pour l’empêcher de chambouler les certitudes sans vergogne, pour éviter qu’il fasse tomber les œillères du quotidien sans crier gare. Il s’empresse donc, trop souvent, de lui construire une cage dorée, tout de rationnel et d’obligations vêtue. L’humain a soif de liberté et d’authenticité, et les enferme pourtant à doubles tours derrière des normes asphyxiantes. L’humain est un inénarrable paradoxe sur deux pattes. De sa plume échevelée, à la verve décidée et à l’esprit délicieusement indomptable, Catherine Dorion souffle avec audace une ode au désir dans tout ce qu’il a de plus fructueux, dérangeant, et inspirant. Un opuscule ébouriffant et nécessaire, qui sait ébranler le pouvoir hypnotisant de la peur de l’éphémère, réveillant le peuple engourdi par trop d’années à sommeiller au bois dormant et lui insufflant une salutaire bouffée de rébellion contre ce plomb qu’il se met lui-même dans l’aile du rêve.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮ 

vendredi 9 juin 2017

The Tin Forest

Par Helen Ward, illustré par Wayne Anderson, chez Dutton Books.
Quatrième de couverture:
«There was once a wide, windswept place… but where there is a dream, hope can grow.»

Il était une fois, au coeur des rebuts du monde, un homme qui rêvait d’un Ailleurs luxuriant, pour faire fleurir la grisaille de son existence. Et si, à force de s’imaginer le réel, le rêve pouvait devenir réalité? D’une plume tout en finesse, portée par le foisonnant imaginaire visuel de Wayne Anderson, Helen Ward raconte avec sensibilité la force tranquille de l’humain qui ose voir par-delà les possibles. Émouvante ode à l’improbable, et clin d’oeil à cette nature qui est de plus en plus en voie d’extinction, cet opuscule sait dire avec justesse qu’à rêve vaillant, rien d’impossible.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮ 

mercredi 7 juin 2017

Furiously Happy

Par Jenny Lawson, chez Flatiron Books.
Résumé de l'éditeur (extrait):
In Furiously Happy, #1 New York Times bestselling author Jenny Lawson explores her lifelong battle with mental illness. A hysterical, ridiculous book about crippling depression and anxiety? That sounds like a terrible idea. But terrible ideas are what Jenny does best. 
As Jenny says: "Some people might think that being 'furiously happy' is just an excuse to be stupid and irresponsible and invite a herd of kangaroos over to your house without telling your husband first because you suspect he would say no since he's never particularly liked kangaroos. And that would be ridiculous because no one would invite a herd of kangaroos into their house. Two is the limit. I speak from personal experience. My husband says that none is the new limit. I say he should have been clearer about that before I rented all those kangaroos."
"Most of my favorite people are dangerously fucked-up but you'd never guess because we've learned to bare it so honestly that it becomes the new normal. Like John Hughes wrote in The Breakfast Club, 'We're all pretty bizarre. Some of us are just better at hiding it.' Except go back and cross out the word 'hiding.'"
Furiously Happy is about "taking those moments when things are fine and making them amazing, because those moments are what make us who we are, and they're the same moments we take into battle with us when our brains declare war on our very existence. It's the difference between "surviving life" and "living life". It's the difference between "taking a shower" and "teaching your monkey butler how to shampoo your hair." It's the difference between being "sane" and being "furiously happy."

Il y a de ces maux qui font basculer le quotidien. Qui forcent à plonger de l’autre côté du miroir. Qui brouillent les antennes et effacent les pistes. Et pourtant, ce sont les maux que personnes n’osent mettre en mots. Les maux qu’on subit tout bas, en se condamnant d’avance de ne pas savoir comment les affronter. Ce sont les maux qui prolifèrent, sournois et malins, dans l’antichambre silencieux de la honte. Dans les limbes vertigineuses de la dégringolade des repères. Ce sont les maux qui grugent le quotidien et assombrissent les arcs-en-ciels. Et si on prenait le temps de les mettre en mots? Et si, même, on se donnait le droit de sourire un brin devant leur irréductible et malicieuse créativité? D’une plume tout en humour et en authenticité, Jenny Lawson raconte avec un irrésistible aplomb la maladie mentale et ses tentaculaires implications. Sans tomber dans l’apitoiement, ou la leçon pontifiante, elle secoue joyeusement les préjugés, bouleverse les certitudes et sème un rafraîchissant espoir dans ces eaux habituellement si troubles. Un opus déjanté, hilarant et indispensable, à semer à tout vent, pour faire tomber les oeillères de l'ignorance, et celles de la solitude.

Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮

lundi 29 mai 2017

Le Port des marins perdus

Scénario de Teresa Radice, dessins de Stefano Turconi, collection Treize étrange, chez Glénat.
Résumé de l'éditeur:
«Automne 1807. Un navire de Sa Majesté récupère au large du Siam un jeune naufragé qui ne se rappelle que de son prénom : Abel. Le garçon se lie rapidement d’amitié avec le premier officier, capitaine du navire depuis que le commandant s’est enfui avec le trésor du bord. Abel retourne ensuite en Angleterre où il loge dans l’auberge tenue par les trois filles déchues du fuyard. Alors que la mémoire lui revient peu à peu, il découvre quelque chose de profondément troublant sur lui-même, et la véritable nature des personnes qui l’ont aidé...»

L’appel de la mer est fort et inexplicable. Il est vif, et insaisissable. Il chamboule tout: la raison et les élans du coeur. Et les marins, ballottés entre deux mondes, naviguent vaillamment, au mieux, entre le large et la terre ferme, entre le Bien et le Mal. Et s’il existait un Ailleurs qui retricote les Destins? Et si les secondes chances existaient vraiment? Misant sur une narration bercée par les mots, (les littéraires, les spontanés, les irrépressibles, et ceux qu’on ne dit pas) et soufflée avec une finesse inouïe par un univers visuel tout en tendresse ébouriffée et évocatrice, le duo Radice-Turconi raconte une épopée douce et triste, tissée de rencontres délicieusement improbables, et qui fleure bon l’air du large. On en ressort bouleversé, l’âme tout ébaubie, le coeur à l’étroit, l’esprit frémissant d’un bonheur doux-amer et le regard voguant entre le réel et le possible. Un voyage étrange et lancinant, sublime et terrible, qu’on lit jusqu'à la dernière goutte d'eau de mer, pour ne rien oublier de ces mots qui envoûtent, et qui secouent sans vergogne les horizons.

Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮ 

vendredi 26 mai 2017

Je suis là, je suis là

Par Marie-Francince Hébert, illustré par Mathilde Cinq-Mars, collection Motif(s), chez Druide.
Résumé de l'éditeur:
«Un appartement coquet, mais modeste. Une cuisine, un salon, la chambre des trois enfants, et la chambre des parents. La mère qui rentre fourbue du travail. Un repas chaud l’accueille, celui préparé par sa propre mère. Les enfants dorment, sauf le plus vieux qui fait semblant, comme d’habitude, et qui attend son bisou. Mais ce soir, ça ne se passe pas comme d’habitude…»

Il y a, dans le quotidien de l’enfance, de ces rituels ronronnants. De ces moments précieux qui font sourire l’ordinaire. Or, malgré toute la bonne volonté du monde, le réel prend parfois toute la place, devient ce monstre inquiétant dans le placard. Et s’il suffisait alors d’une bouffée de douceur pour faire basculer le cours des choses…? D’une plume tout en sensibilité et en finesse, Marie-Francine Hébert raconte la vie et ses aléas, à hauteur d’enfance et d’amour inconditionnel. Bercé par la palette tendre et enveloppante de Mathilde Cinq-Mars, cet opuscule sait souffler l’importance du tissé serré et de la complicité des coeurs, afin d’éviter les naufrages. 


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩

vendredi 19 mai 2017

La véritable histoire du petit chaperon rouge et de son chat Marcel

Par Benjamin Perrier, illustré par Jules, série La véritable histoire, chez Gautier Languereau.
Quatrième de couverture:
«Connais-tu l’histoire du Petit Chaperon rouge? Oui, bien sûr! Sais-tu en revanche que cette petite fille espiègle a un chat nommé Marcel? Un bon gros chat qui passe son temps à ne rien faire! Mais entre toit et moi, pour être tout à fait franc, c’est LUI le vrai héros du conte!»

Il était une fois, un petit chaperon rouge, qui n’aimait pas du tout porter son chaperon. Elle avait un chat indolent, la quintessence de l’inaction, qui aimait bien se promener avec elle (ou plutôt dans ses bras). Ensemble, ils formaient un improbable duo alliant vivacité d’esprit et lucidité… à un appétit insatiable, et un flair pas trop moche. Et si au fond, ces atouts singuliers étaient suffisants pour déjouer le vilain Loup? Et si, en fait, on racontait le conte de travers depuis des lustres? Avec une verve malicieuse, Benjamin Perrier retricote habilement l’indémodable Petit Chaperon rouge, secouant les conventions, et sortant délicieusement des ornières éculées de la tradition. Porté par l’univers visuel ébouriffé de Jules, tout en simple et taquine éloquence, et relancé par une narration interpellant directement (et audacieusement) le lecteur, cet opus décoiffant fait rigoler sans vergogne et souffle une irrésistible bouffée de fraîcheur sur les séculaires histoires du soir.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮  

jeudi 18 mai 2017

Bonne nuit?

Par Coralie Saudo, illustré par Kris Di Giacomo, chez Frimousse.
Quatrième de couverture:
«Cette nuit, Petit Elephant est bien décidé à passer une bonne nuit dans le lit de Grand Elephant... Mais est-ce vraiment une bonne idée?»

La nuit, c’est si long. Seul. Dans un grand lit. Et ça pourrait être si chouette en bonne compagnie! Alors, pourquoi ne pas, habilement, se faufiler entre les ombres et défier l’interdit? Avec un aplomb adorable et une candeur irrésistible, Coralie Saudo raconte l’enfance qui explore, infatigable, les limites de l’Autre, et qui découvre, au passage, les siennes. Porté par la palette tendre, et les traits évocateurs de l’univers visuel de Kris Di Giacomo, cet opuscule rigolo souligne, avec fraîcheur et simplicité, qu’il fait parfois bon respecter le besoin d’espace de ceux qu’on aime… si on veut passer une bonne nuit!

Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮


ATTENTION! Ce livre n'est pas encore paru en Amérique du Nord:
parution prévue à la mi-juin 2017.

mardi 16 mai 2017

Pax

Par Sara Pennypacker, illustré par Jon Klassen, chez Harper Collins.
Résumé de l'éditeur:
«Pax and Peter have been inseparable ever since Peter rescued him as a kit. But one day, the unimaginable happens: Peter's dad enlists in the military and makes him return the fox to the wild. At his grandfather's house, three hundred miles away from home, Peter knows he isn't where he should be—with Pax. He strikes out on his own despite the encroaching war, spurred by love, loyalty, and grief, to be reunited with his fox. Meanwhile Pax, steadfastly waiting for his boy, embarks on adventures and discoveries of his own…»

Il existe parfois, entre deux êtres vivants, une complicité à l’état pur, une connivence qui se rit des différences, comme une fusion de deux existences en une seule âme. Cette unité à deux têtes, cette union singulière (ou ce «oneness» comme l’évoque avec plus de justesse la langue anglaise) semble indestructible, imperméable aux coups du sort d’un Destin parfois sans pitié. Or, lorsque la séparation survient, brutale, sans crier gare, commence alors une quête cruciale: retrouver cette autre partie de soi, coûte que coûte. Tout en finesse et en simplicité, Sara Pennypacker raconte une amitié plus grande que tout, de celles qui bousculent les conventions, sortent joyeusement des ornières, et donnent le courage de braver toutes les tempêtes (même celles qui grondent en soi) afin de ne pas laisser filer le bonheur au loin. Audacieusement porté par une narration à deux voix, cet opus chamboulant sait dire l’essentiel, avec une justesse et une sensibilité qui ne laisseront personne indifférent. Un petit bijou sublime qui ose faire voir par-delà les oeillères du convenu.



Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮




Pour le lire en version française

mardi 9 mai 2017

L'oiseau de Colette

Écrit et illustré par Isabelle Arsenault, série La bande du Mile-End, chez La Pastèque.
Résumé de l'éditeur:
«Pauvre Colette, récemment déménagée dans un nouveau quartier, sa mère lui refuse un animal de compagnie. Mais lorsqu’elle cherchera à se faire de nouveaux amis, ce sera grâce à une perruche… imaginaire!»

Quand le grand branle-bas survient, avec tous ces souvenirs en boîtes, et ces racines qui se cherchent un nouveau terreau d’accueil, l’enfance a parfois la solitude vertigineuse. Sans compter que les premiers pas vers de possibles complicités sont toujours terriblement angoissants. Mais avec un ami, même un peu inventé, à ses côtés, tout peut soudain sembler plus léger… Et s’il suffisait d’un soupçon d’imaginaire pour s’ouvrir les horizons? Tout en finesse et en sensibilité, Isabelle Arsenault raconte l’extraordinaire quête de tous les instants d’une enfance qui se réinvente le quotidien. Faisant s’épanouir sous nos yeux ravis, à travers un univers visuel à la palette tendre et à la composition éloquente, les rocambolesques péripéties de cette irrésistible bande d’amis, ce délectable opuscule sait souffler avec justesse que l’essentiel, dans la quête du bonheur, c’est de savoir se l’imaginer.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮ 

dimanche 7 mai 2017

La Mésaventure

Écrit et illustré par Iwona Chmielewska, chez Format.
Quatrième de couverture:
«Une jeune fille repasse la nappe préférée de sa maman, un souvenir précieux brodé par la grand-mère. Mais voilà, elle se perd dans ses pensées et le fer à repasser laisse une trace indélébile sur le joli tissu! Quelle mésaventure! Que dira maman à son retour?»

La réalité a parfois une malicieuse façon de rappeler à l’ordre les rêveurs de tous les instants : après tout, un accident est si vite arrivé.  Or, cette fois, la jeune fille le sait, sa dérive de l’imaginaire a engendré un impardonnable faux pas. Un pour les annales. Un qui ne disparaîtra pas de sitôt du regard de sa mère. Et si elle parvenait à trouver une entourloupe pour éviter la tempête? Et si elle réussissait à disparaître sans crier gare avant le cataclysme? Et si, au fond, tout n’était pas si terrible? Tout en éloquente simplicité, Iwona Chmielewska ose raconter entre les lignes le sournois pouvoir de la peur du jugement de l’autre. Misant audacieusement sur un univers visuel dépouillé mais évocateur, qui réinvente habilement les possibles d’une même forme, suivant l’évolution des pensées du personnage principal, cet opuscule singulier sait faire parler le silence avec justesse et sensibilité, secouant malicieusement, au passage, les conventions narratives.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮ 

vendredi 5 mai 2017

Pavor Nocturnus : l'histoire d'un petit garçon un peu trop parfait

Écrit et illustré par Letizia Iannaccone, avec la collaboration de Marilina Cavaliere, chez Seuil jeunesse.
Quatrième de couverture:
«Pavor est un petit garçon comme les autres, enfin presque… À en croire sa maman, des poux, des chiens méchants ou d’horribles rhumes morveleux sont prêts à se jeter sur lui à chaque coin de rue. Alors Pavor se méfie de tout et de tout le monde. Jusqu’au jour où…»

Pour Pavor Nocturnus, l’enfance est un vrai cauchemar de catastrophes potentielles, et s’aventurer en dehors du cocon (sur)protecteur de la maison est une périlleuse aventure à laquelle il se soumet vaillamment, malgré tous les risques qu’elle recèle, selon sa maman. Or, voilà qu’un jour, même le refuge inébranlable de ses nuits douillettes en zone protégée échoue à contrer les menaces extérieures. Qu’adviendra-t-il, alors, de sa sécurité? D’une plume tout en sensibilité, Letizia Iannaccone raconte avec finesse et humour, les aléas de l’enfance qu’on tient en laisse de peur qu’elle ne se frotte à la vie. Porté par un univers visuel à la palette délicieusement vieillotte et à l’éloquence tendre, cet album ose dire la nécessité de s’ouvrir aux possibles, avec tout ce que cela implique d’imprévisible, si on veut avoir la chance de croiser d’impromptus et d’ébouriffants petits bonheurs sur son chemin.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩

Souffler dans la cassette

Par Jonathan Bécotte, chez Leméac.
Quatrième de couverture (extrait):
«Souffler dans la cassette est un roman poétique qui dépeint l’amitié entre deux garçons du primaire. Leurs jeux, leurs aventures formeront les racines des hommes qu’ils deviendront.»

L’amitié. La vraie. La grande. Celle qui illumine le regard et fait sourire l’âme en secret. Celle qui fait poindre le soleil entre les averses du quotidien. Celle qui tisse, finement, la trame d’un avenir à l’unisson. Celle qui vibre d’intensité. Celle qui aussi, parfois, s’avère être un amour qui n’ose pas prendre sa place. Celle-là. Celle-là même. Qui crée le vide en s’évaporant sans crier gare. D’une plume à la poésie quotidienne, tendre et évocatrice, Jonathan Bécotte chuchote au lecteur l’amour dans toute sa vertigineuse simplicité et sa fracassante vulnérabilité. Un opuscule, comme une ode au sacré, qui sait dire avec la juste lucidité de l’enfance, ce lien, si fort, qui souffre en silence de n’être pas nommé.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮

jeudi 4 mai 2017

La vache de la brique de lait

Par Sophie Adriansen, illustré par Mayana Itoïz, chez Frimousse.
Quatrième de couverture:
«Il y a une vache dans la brique de lait.»

Tout le monde sait d’où vient le lait: de la vache, bien sûr. Mais comment fait la vache pour produire du lait directement dans le carton? Se peut-il qu’elle y loge en permanence? Y trouve-t-elle assez d’espace pour bouger, s’amuser, vivre sa vie heureuse de vache? Et où peut-elle bien aller, ensuite, lorsque tout le lait a été avidement bu? Tout en délicieuse candeur et en verve coquine, Sophie Adriansen cède la parole à l’enfance, à son implacable logique et à son imaginaire foisonnant de possibles improbables. Porté par l’univers visuel de Mayana Itoïz, à la composition éloquente et aux savoureux clins d’oeil à la narration, ce cocasse opuscule démontre avec un aplomb irrésistible que la vérité se cache souvent entre le probable et l'impossible.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩


ATTENTION! Ce livre n'est pas encore paru en Amérique du Nord:
parution prévue à la fin mai 2017.

mardi 2 mai 2017

Les premiers aviateurs

Scénario d'Alexandre Fontaine Rousseau, dessins de Francis Desharnais, chez Pow Pow.
Résumé de l'éditeur:
«On oublie souvent que l’échec occupe une place de choix dans l’histoire de la réussite, et l’épopée des premiers aviateurs ne fait certainement pas exception à cette règle ancestrale. Le présent ouvrage retrace les grandes lignes de l’histoire de l’aviation en s’intéressant plus particulièrement à ses innombrables chutes ainsi qu’à la petite poulie qui fait que le rêve tombe toujours en morceaux.»

Voler. Entre ciel et terre. Sans se soucier de la gravité. Embrasser cette liberté toute neuve. Cette indépendance de la surface terrestre. Une soif irrésistible qui a sans doute motivé les inventeurs à l’ingéniosité créative, et maintenu cette vaillance dans le regard, à travers les aléas des échecs et des recommencements chroniques. Mais, au fond, connaît-on l’Histoire aussi bien qu’on le croit? Et si on ne nous avait pas tout dit? Et si on la réécrivait un brin, entre ses lignes si solennelles? D’une plume à la répartie taquine et à l’humour joyeusement anachronique, Alexandre Fontaine Rousseau bouscule les conventions de la sacro-sainte ligne du temps, commentant l’Histoire sans vergogne, dans un hilarant plaidoyer pour le gros bon sens. Porté par une audacieuse redondance visuelle, introduite avec brio dans La guerre des arts de Francis Desharnais, ce cocasse opuscule ébouriffe les bien-pensants, et souffle une bouffée d’absurde fraîcheur dans l’Histoire avec un grand H. 


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩

lundi 1 mai 2017

Gilles

Écrit et illustré par Mathieu Lavoie, chez Comme des géants.
Quatrième de couverture:
«Et qu’est-ce que le renard fait? Il dort! Chuuuuuuut!»

Et si le renard était fidèle à sa réputation de sournois stratège? Et si le corbeau avait, en fait, plus d’un tour dans son bec? Et si, au fond, tout était la faute de Gilles? Revisitant malicieusement l’intemporelle fable du Renard et du Corbeau, Mathieu Lavoie tricote une irrésistible histoire, cocasse et rythmée, à la structure répétitive nourrissant joyeusement l’expectative, et à la chute délicieusement espiègle. Un coquin et déjanté opuscule, à découvrir en famille, et qui ne laissera personne sur sa faim… sauf peut-être Gilles!


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮

dimanche 30 avril 2017

La boîte à secrets (L’étrange boutique de Miss Potimary, t.1)


Scénario d'Ingrid Chabbert, dessins de Séverine Lefebvre, Série Miss Potimary, t.1, chez Jungle.
Résumé de l'éditeur:
«Le jour de son neuvième anniversaire, Betty reçoit de quoi s’acheter un cadeau toute seule, comme une grande. En se promenant dans les rues de son village, elle tombe sur une surprenante boutique qu’elle n’avait jamais remarquée. A l’intérieur, c’est un véritable capharnaüm, des objets mystérieux s’entassent jusqu’au plafond dans une atmosphère de magie et de poussière. Betty craque pour une magnifique boîte à secrets japonaise : son cadeau est tout trouvé. Mais la propriétaire de la boutique, l’étrange Miss Potimary, la met en garde : cette boîte renferme des mystères, il ne faut pas l’utiliser n’importe comment! De retour chez elle, la petite fille s’acharne à résoudre le casse-tête mais sans succès. Au bout de plusieurs heures, en pleine nuit, le mécanisme finit par s’ouvrir… Betty et Dare-Dare, sa souris de compagnie, sont aspirées par un puissant tourbillon et se retrouvent projetées 30 ans en arrière!»

Et si le Temps n’était pas aussi linéaire qu’on le pense? Et si la curiosité et la détermination pouvaient faire un pied-de-nez à l’impossible? Et si ce n’était finalement que le commencement d’une aventure au-delà des ronronnants possibles? Alliant verve coquine, péripéties rocambolesques et visuel à la composition éloquente, le créatif tandem Chabbert-Lefebvre tricote un périple palpitant, à l’imaginaire foisonnant. Porté par l’irrésistible Betty et sa diva de souris, Dare-Dare, cet opus chamboule joyeusement les conventions spatio-temporelles, titillant ainsi sans vergogne la soif inextinguible du lecteur pour la suite de ces ébouriffantes pérégrinations.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩

jeudi 27 avril 2017

Une BD par jour...

Source: Wikimedia Commons
Le mois de mai arrive à grands pas, et, avec lui, outre le beau temps (si on a de la chance!), l'opportunité de se plonger le nez dans les bulles: celles, bavardes, qui narrent joyeusement les BD et romans graphiques de ce monde.

Initialement lancée par les Bibliothèques de Montréal, le «mois de la BD» est devenu rapidement un incontournable pour les amateurs de phylactères, qu'ils soient des lecteurs au long cours, ou des néophytes de la bulle. D'ailleurs, le dynamique Festival de la BD de Montréal (du 26 au 28 mai 2017), qui en est à sa 6e édition, fait foi de cet engouement, en proposant une chouette programmation chaque année.

Alors, que ce soit pour un premier plongeon dans l'univers des phylactères, le retour de l'enfant prodigue vers la BD, ou encore la frénésie gourmande d'un avide habitué des bulles, en mai, laissez-vous donc tenter! Tout le monde sait qu'une BD par jour, éloigne l'ennui pour toujours!

Pour vous titiller la curiosité, n'hésitez pas à vous laisser inspirer par les lectures à bulles de Lili! (Pour une navigation plus précise dans les différents genres de bandes dessinées, utilisez l'outil de recherche par genre, dans la colonne de droite, sous les rubriques BD et Romans graphiques)



mercredi 26 avril 2017

Le plus petit baiser jamais recensé

Par Mathias Malzieu, chez Flammarion.
Quatrième de couverture:
«Un inventeur - dépressif rencontre une fille qui disparaît quand on l'embrasse. Alors qu'ils échangent le plus petit baiser jamais recensé, elle se volatilise d'un coup. Aidé par un détective à la retraite et un perroquet hors du commun, l'inventeur se lance alors à la recherche de celle qui "fait pousser des roses dans le trou d'obus qui lui sert de coeur". Ces deux grands brûlés de l'amour sauront-ils affronter leurs peurs pour vivre leur histoire?»

L’amour, cet insaisissable, ce coquin de charmeur à la fougue imprévisible. Cet empêcheur de vivre en rond. Ce bourlingueur sournois des coeurs en déroute. Ce cavaleur impénitent des Destins tranquilles. Oui, cet amour en majuscules, qui chamboule tout, sans crier gare. Cet amour qui euphémise le réel, ou le lance en hyperbole. Cet amour responsable de bien des grands maux, et de tant d’autres mots. Cet amour… D’une plume tout en douce finesse et en malicieuse lucidité, Mathias Malzieu raconte la plus grande aventure qui soit: l’universel combat de l'humain contre lui-même, son incurable peur de ces failles dans la carapace, qui, pourtant, font partie du charme d'exister. Faisant valser avec justesse le possible avec le délicieusement improbable, cet opuscule sait nourrir le rêve et virevolter l’imaginaire, déjouant habilement le prévisible, et jonglant avec les mots avec une irrésistible virtuosité. 


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮  

jeudi 13 avril 2017

Comme un roman

Par Daniel Pennac, illustré par Quentin Blake, édition anniversaire, chez D'Eux.
Résumé de l'éditeur:
«Enseignant, auteur, père et lecteur, Daniel Pennac livre ici ses réflexions et ses observations sur la lecture et sur la place des livres dans notre vie.»

Les mots peuvent distiller les possibles, évoquer l’inénarrable, faire sourire le prévisible, mais ils peuvent aussi, si on n’y prend pas garde, devenir des épées de Damoclès dogmatiques menaçant sournoisement le plaisir de lire. À nous de nous assurer qu’ils demeurent, aux yeux de tous, des complices de tous les instants, et non pas des ennemis de l’ombre. Dans cet essai incontournable sur le lecteur et la lecture, Daniel Pennac raconte les mots comme on souffle une histoire aux oreilles ébahies de l’enfance. Secouant avec justesse et humour les certitudes (ô ces certitudes du bien-pensant!) d’une société qui semble édifier la lecture au rang de devoir oubliant au passage son essence même,  Daniel Pennac ose clamer, d’une plume à la verve délicieuse, que si l’amour des mots est l’affaire de tous, il importe de le faire naître à l’image de chacun. Un opuscule indispensable dont le Temps n’use pas la pertinence, réédité dans de sublimes atours, et qui, surtout, fait pétiller le regard et rêver entre les lignes. 


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮

mercredi 5 avril 2017

Space Dumplins

Scénario et dessins de Craig Thompson, chez Scholastic.
Résumé de l'éditeur:
«For Violet Marlocke, family is the most important thing in the whole galaxy. So when her father goes missing while on a hazardous job, she can't just sit around and do nothing. To get him back, Violet throws caution to the stars and sets out with a group of misfit friends on a quest to find him. But space is big and dangerous, and she soon discovers that her dad has been swallowed by a giant, planet-eating whale. With her father's life on the line, nothing is going to stop Violet from trying to rescue him and keep her family together.»

Dans un futur pas si lointain, où la Terre ne semble plus en être une d’accueil, et où l’humanité est devenue une minorité migrante intergalactique, la société s’organise et se désorganise au gré du plus offrant, calquant le déséquilibre séculaire des privilèges. Au centre de tout ça, Violet (et sa candide détermination) ose prendre sa place dans le chaos ambiant. Et s’il suffisait de se laisser parler le coeur et vrombir l’amitié pour accomplir l’impensable? D’une plume à l’imaginaire foisonnant et à la verve cocasse, Craig Thompson plonge le lecteur dans un space opéra déjanté, aux personnages délicieusement singuliers et aux rebondissements joyeusement ébouriffants. Voguant au coeur d’un visuel touffu et coloré, et usant habilement de références malicieuses à divers univers fictifs et événements réels, cet opus improbable fera rigoler sans vergogne.

Attention toutefois! À cause des nombreux référents et coquins jeux de mots, il est fortement suggéré de lire ce roman graphique en version originale anglaise pour en apprécier pleinement les subtilités: la traduction française ne parvient malheureusement pas à transmettre la finesse du ton original de Thompson.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩


Pour le lire en version française
(peu recommandé!)

dimanche 2 avril 2017

Colère de loup

Par Louison Nielman, illustré par Nathalie Janer, chez Gautier-Languereau.
Quatrième de couverture:
«Un loup en colère surgit dans la cuisine de Maminette... Comment réussir à le calmer?»

Maminette est la reine de sa cuisine (entre autres!). Elle y concocte joyeusement des petits à bonheur à dévorer. Pour tous les appétits (et surtout, les faims de loup!). Or, voilà que cogne à sa porte un vrai de vrai loup. Renfrogné et de mauvais poil. Et pas de Petit Chaperon Rouge en vue. D’abord un brin étonnée, Maminette sent rapidement qu’il y a colère sous museau, et décide de prendre les choses en mains. Tricotant astucieusement entre les mailles des conventions, Louison Nielman réinvente le rôle de Mère-Grand et de son Petit Chaperon Rouge, proposant malicieusement son fin mot de l’histoire, et bousculant sans vergogne le mythe persistant du terrible Loup. S’épanouissant sous la palette ébouriffée de Nathalie Janer, aux tendres et éloquents délavés, cet album sait dire avec justesse et humour cette tempête qui se tapit sournoisement en chacun de nous, défiant la naissance du sourire, et menaçant d'assombrir notre journée sans crier gare.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮

samedi 1 avril 2017

Le bois dormait

Écrit et illustré par Rebecca Dautremer, chez Sarbacane.
Quatrième de couverture:
«Dormir, dormir, d'accord! Mais 100 ans?!... C'est un peu long, non?»

Il était deux fois, un Bois qui dormait. Un hameau dont le cours des choses était suspendu aux lèvres d’un Prince qui se faisait attendre. Une histoire de coups du sort et de malchance ensommeillée, jusqu’au bonheur culminant de la tombée des rideaux. Cette histoire se murmure depuis la nuit des Temps. Et bien sûr, tout le monde la connaît. Tous. Petits et grands. Princes passés, et ceux en devenir. Et pourtant, lorsqu’il y mettra réellement les pieds, le Prince, dans ce Bois au sablier figé, il le verra comme si c’était la toute première fois. Avec le regard émerveillé de celui qui se risque à penser qu’il peut, peut-être, s’il l’ose, être l’étincelle coquine qui chatouillera les existences engourdies. D’une plume tout en finesse et en humour, bercée par la palette riche et évocatrice de son univers visuel, Rebecca Dautremer détricote astucieusement les conventions de ce conte usé par des années d’enfance avide d’un imaginaire traditionnel. Jonglant malicieusement entre les dialogues coquins de narrateurs qui ne se laissent pas avoir par le premier mythe venu, et l’éloquence muette d’illustrations à la composition tendre et émouvante, ce sublime opuscule chamboule délicieusement l’ordre établi, chuchotant in petto d’inénarrables possibles.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮

vendredi 31 mars 2017

Marie-Antoinette : la jeunesse d'une reine.

Scénario et dessins de Fuyumi Soryo, collection Seinen manga, chez Glénat.
Résumé de l'éditeur:
«Marie-Antoinette est l'une des personnalités historiques les plus adaptées en fiction. Sophia Coppola, Chantal Thomas ou Riyoko Ikeda… de nombreux créateurs ont donné naissance à un personnage en adéquation avec leurs idéaux. Cependant, quand Fuyumi Soryo s'attaque au mythe, ce n'est pas pour reproduire une énième icône malmenée par la vision trop partiale de Stephan Zweig, mais pour restituer dans la réalité historique une jeune fille dénuée de tout artifice.  Avec la précision qu'on lui connaît déjà sur Cesare et grâce au soutien du Château de Versailles, ce n'est plus un simple manga, mais une plongée virtuelle au cœur de la cour au XVIIIe siècle que l'auteur vous offre.»

Elle avait 14 ans, et une famille adorée. Elle quittait, sans crier gare, une cage dorée pour une autre, plus rutilante et complexe encore. Elle rêvait encore d’amour, sans pouvoir espérer tricoter le sien à sa guise. Elle n’était pas la maîtresse de ses actions, de ses paroles, ni même de ses pensées. Elle était, malgré elle, un bel objet qu’on offrait en échange de l’aspiration stratégique à un peu plus de pouvoir. Elle ne pouvait s’affirmer une existence. Et pourtant, malgré les carcans, les manigances et la solitude, elle osa prendre sa place dans l’échiquier de la Cour de Versailles. Au risque de déplaire. Froissant candidement les certitudes. Dans un rapide survol (un brin trop concis à mon goût de curieuse!), Fuyumi Soryo fait revivre les premiers pas vertigineux de l’archiduchesse d’Autriche dans sa nouvelle vie d’«adulte». Avec finesse et sensibilité, Soryo plonge le lecteur de l’autre côté du miroir, là où il y a plus de questions que de réponses, plus de jugement que de bienveillance, plus d’ennemis que de complices, mais où l’espoir sait poindre là où on l’y attend le moins. Un bref (trop bref) opus qui présente l’Histoire sans les majuscules, et qui soulignent habilement que derrière les personnages publics se cache toujours, envers et contre tout, l'humanité dans toute sa faillibilité.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩

dimanche 26 mars 2017

Aaah! Bécédaire

Par Élaine Turgeon, illustré par Martin Laliberté, collection Motif(s), chez Druide.
Résumé de l'éditeur:
«Qu’arrive-t-il lorsque deux créateurs se saisissent d’une banque d’interjections, qu’ils les classent dans l’ordre alphabétique, et qu’ils imaginent des situations les convoquant dans un univers où les humains cohabitent avec les monstres? Et qu’advient-il, lorsqu’en prime, ils lancent le défi au lecteur de découvrir le lien caché qui unit certaines situations entre elles? Ça donne Aaah!bécédaire, un abécédaire d’interjections monstrueusement déjanté!»

L’alphabet est un coquin. Il se faufile partout. Dans les mots de tous les jours. Dans les mots endimanchés. Dans les mots qui enquiquinent. Dans les mots qui turlupinent. Dans les mots qui balbutient. Dans les mots qui osent aussi. L’alphabet sait épeler sans s’enfarger tout ce que vous pouvez imaginer. Alliant candeur taquine et délicieuse irrévérence, Élaine Turgeon tricote au lecteur un abécédaire surprenant et ébouriffé, multipliant les entourloupes, et faisant un pied-de-nez à l’ordinaire. Porté par l’univers visuel farfelu de Martin Laliberté, cet opuscule ose s’aventurer joyeusement hors des sentiers battus, bousculant la ronronnante routine et soufflant les possibles entre les lignes.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩

samedi 25 mars 2017

Nous avons trouvé un chapeau

Écrit et illustré par Jon Klassen, chez Scholastic.
Résumé de l'éditeur:
«Les ecteurs friands des livres de Jon Klassen comme Rendez-moi mon chapeau! et Ce n'est pas mon chapeau se délecteront de voir deux tortues convoiter le même chapeau. L'une des tortues voudrait-elle le chapeau pour elle seule? Bien sûr que non! Les tortues de cette histoire n'oseraient jamais... trouveront-elles un moyen d'avoir chacune leur chapeau?»

L’humain est une drôle de bête. Il épie le cours des choses, observant ceci, découvrant cela. Toujours à s’assurer qu’il est le premier à explorer une terre sauvage. Toujours à s’approprier sans tarder le moindre coin de paysage. Or, parfois, lorsque l’amitié le lie à l’Autre, il se tricote une conscience, il ose cultiver sa patience. Et si, au fond, le plaisir de se délecter des possibles était une aventure qu’il fait bon vivre à deux? De sa plume simple et espiègle, Jon Klassen raconte la cohabitation pleine de rebondissements de l’envie et de l’amitié. Narré habilement en courtes phrases évocatrices, et relancé astucieusement par un univers visuel sobre, au trait éloquent, cet album sait dire tout en finesse et en humour la délicieuse inconséquence de l’âme humaine.

Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮  

jeudi 23 mars 2017

Adulthood is a myth (Sarah's Scribbles no 1)


Scénarios et dessins de Sarah Andersen, série Sarah's Scribbles, tome 1, chez Andrew McMeel Publishing.
Quatrième de couverture:
«Are you a special snowflake? Do you enjoy networking to advance your career? Is adulthood an exciting new challenge for which you feel fully prepared? Ugh. Please go away. This book is for the rest of us. These comics document the wasting of entire beautiful weekends on the internet, the unbearable agony of holding hands on the street with a gorgeous guy, dreaming all day of getting home and back into pajamas, and wondering when, exactly, this adulthood thing begins. In other words, the horrors and awkwardnesses of young modern life.»

Devenir adulte est un concept plutôt abstrait. En effet, si pour certain, l’âge adulte est une suite logique et chronologique évidente de l’adolescence, pour d’autres, il s’agit plutôt d’un passage mythique, dont on martèle l’avènement inéluctable à une jeunesse terrifiée, ébranlant sournoisement candeur et insouciance devant l’absence d’instructions claires à suivre pour «survivre» à la transition et éviter les dérapages. De son coup de crayon au trait joyeusement ébouriffé, relancé par une verve désopilante, Sarah Andersen croque sur le vif le quotidien rocambolesque et hilarant de cette jeunesse qui se cherche une place dans la société, et qui, en même temps, voudrait tant se fondre silencieusement dans le paysage et ne jamais devoir faire partie des «sages adultes qui prennent de sages décisions». Donnant la parole avec simplicité, justesse et aplomb à une génération en quête de sens, cet opuscule drôlatique souligne habilement cette valse-hésitation si délicieusement humaine des premiers pas de la jeunesse dans un futur en construction.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩

lundi 20 mars 2017

Olga and the Smelly Thing from Nowhere

Écrit et illustré par Elise Gravel, chez Harper Collins.
Quatrième de couverture:
«I love animals. I get along with them JUST FINE. HUMANS? That’s another story. I’ll be an animal scientist soon—you’ll see. All the newspapers will talk about Olga, the amazing child scientist—especially after people meet the weird creature I just discovered.»
Pour Olga, rien n’est plus fascinant que les animaux. Qu’ils soient poilus, ventrus, gluants ou odorants, Olga les observent tous attentivement. Plus ils sont saugrenus, plus le mystère de leur existence est touffu, plus son insatiable curiosité piaffe d’impatience. C’est une pro des espèces singulières, une infatigable limière. Jusqu’au jour où surgit, sans crier gare, une énigmatique créature venue de nulle part, qui, entre deux borborygmes, bouscule tous ses repères. De sa plume à la verve coquine et délicieusement irrévérencieuse, Elise Gravel entraîne le lecteur dans une rocambolesque quête de vérité animalière. Multipliant malicieusement les rebondissements, son univers visuel échevelé relançant habilement la narration de mille et un détails cocasses, cet inimitable opus sait raconter l’enfance dans toute son irrésistible candeur et son inextinguible capacité d’émerveillement. Une épopée joyeusement insolite qui donne le goût d’oser apprivoiser l’étrange et découvrir le déroutant.

Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮



Pour le lire en version française

samedi 18 mars 2017

A Room of One's Own

Par Virginia Woolf, chez Mariner Books.
Quatrième de couverture:
«In A Room of One's Own, Virginia Woolf imagines that Shakespeare had a sister—a sister equal to Shakespeare in talent, and equal in genius, but whose legacy is radically different. This imaginary woman never writes a word and dies by her own hand, her genius unexpressed. If only she had found the means to create, argues Woolf, she would have reached the same heights as her immortal sibling. In this classic essay, she takes on the establishment, using her gift of language to dissect the world around her and give voice to those who are without. Her message is a simple one: women must have a fixed income and a room of their own in order to have the freedom to create.»

Qu’y a-t-il à dire au sujet des femmes et de la fiction? Occupent-elles une place dans l’espace littéraire? Si oui, laquelle? Y sont-elles des sujets muets, englués dans des stéréotypes de genre, ou y ont-elles aussi une voix? Est-ce de même dans la société en général? Ont-elles toujours l’opportunité et les moyens de faire résonner leur voix haut et fort? La créativité au féminin est-elle un mythe? Et si, au fond, le genre du créateur importait peu? Et s’il était surtout indispensable de déterminer ce qui favorise l’épanouissement créatif, et ce qui lui fait battre de l’aile? Virginia Woolf ose prendre position à ce sujet en proposant une réflexion audacieuse et fondamentale interrogeant la place historique des femmes dans l’espace créatif littéraire, et soulignant le lien existant entre cette place encore à construire, et les conditions de vie des femmes à travers les siècles. Abordant ce vaste champ de recherche avec simplicité et détermination, Virginia Woolf plonge le lecteur dans le tourbillon de ses questionnements, l’interpellant malicieusement, le faisant progresser à ses côtés, au fil des interrogations et des indignations qui jonchent son exploration. Un opuscule puissant, indispensable, pertinent même près d’un siècle après sa publication, et qu’il fait bon lire et relire pour se secouer la résignation, pour se titiller l’audace, et pour ne jamais oublier que malgré les inégalités de genre et de conditions socioéconomiques qui perdurent, il n’en tient finalement qu’au créateur, femme ou homme, de se trouver une «chambre à soi» pour laisser s’exprimer sa voix.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮ 



Pour le lire en version française


mardi 14 mars 2017

Écumes


Scénario d'Ingrid Chabbert, dessins de Carole Maurel, chez Steinkis.
Quatrième de couverture:
«Elles s'aiment et après des années d'attente, d'espoir et de désespoir, un bébé est annoncé. Mais la grossesse est compliquée et le pire arrive. Elles vont devoir se reconstruire et lutter contre la douleur. L'amour, l'évasion sur les terres de leur enfant disparu et les carnets qui se remplissent vont les aider à sortir la tête hors de l'eau, loin des Ecumes.»

Quand une vie toute neuve se fait attendre, insaisissable, incertaine, usant l’impatience et fragilisant les rêves, le bonheur est souvent bigarré lorsqu’elle s’annonce enfin le bout des chromosomes: il est à la fois sublime et terrifiant, plus grand que tout et hésitant. Or, lorsque ce doux possible retourne vers ses étoiles, avant même d’avoir pu débuter son existence, c’est un océan de tristesse qui fait basculer le fragile équilibre des choses. Et si, malgré la houle, le retour à bon port était imaginable, un mot à la fois? Tout en délicatesse et en simplicité, Ingrid Chabbert ose souffler au lecteur ce qui se hurle en silence lorsque le Destin balaie de son inexplicable revers la vie tant désirée d’un enfant à naître. Porté par les dessins de Carole Maurel, à la palette feutrée et au découpage éloquent, cet opus chamboulant sait raconter avec justesse, évoquant l’indicible avec sobriété, et laissant poindre au large, tel une bouée salutaire, l’espoir d’un peu de soleil pour apprivoiser la grisaille. Un petit bijou tendre et émouvant à découvrir sans tarder.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮ 

lundi 13 mars 2017

Carnet du Pérou : sur la route de Guzco

Scénario et dessins de FabCaro, chez 6 pieds sous terre.
Résumé de l'éditeur:
En décembre 2011, lors d'un atelier en pays Cathare, il croise la route d'une jeune plasticienne en résidence, originaire de Cuzco, qui, selon lui, « dégageait une énergie qu'on sentait jaillie de cette terre lointaine dont je ne savais rien ». Entre eux va naître une forte complicité artistique et humaine. Dès lors, il n'a qu'une obsession : se rendre dans ce pays. Ce qu'il finira par faire en juillet 2012, s'engageant dans un périple qu'il souhaite le moins préparé possible afin d'en conserver toute l'authenticité, la virginité du voyageur qui a tout à découvrir, refusant d'être parasité par les clichés et les préjugés. Il va alors s'immerger dans un univers fascinant dont il découvre jour après jour la richesse et la diversité des mythes, rites et croyances. Il va croiser des destins, s'émouvoir, tisser des liens forts mais aussi approfondir une culture indigène dont les détails pittoresques le feront plonger dans une altérité salvatrice. Il en reviendra profondément transformé. Néanmoins, s'agissant de Fabcaro, il faut quand même s'attendre à tout.

Quand la créativité ronronne au quotidien, rassurante, s’épanouissant sans faire de vagues, et que le temps file trop vite dans le sablier de l’existence, une soif d’aventures vertigineuses peut s’installer insidieusement. Sournoise. Arrogante. Quoi de mieux, alors, qu’un classique dépaysement culturel, un voyage au bout de soi pour se secouer les certitudes, pour se recartographier les repères? Et pourquoi ne pas saisir au vol l’occasion de se recenser les impressions de globe-trotter du réel? Mais, finalement, l'ailleurs existe-t-il vraiment?… Osant réinventer le carnet de voyage, en froissant les conventions au passage, FabCaro se lance dans un périple déjanté et cocasse comme lui seul sait les provoquer. Porté par un imaginaire ébouriffé, à l’ironie toujours aussi acérée, et à l’autodérision délicieusement hilarante, cet opus saugrenu refuse de s'enfermer dans les ornières du convenu, et fera, malicieusement, sourire la routine.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩

vendredi 10 mars 2017

À la tombée de la nuit : conseils utiles pour une cohabitation pacifique entre les espèces

Écrit et illustré par Enrique Quevedo, chez La Courte Échelle.
Quatrième de couverture:
«Depuis la nuit des temps, les enfants et les monstres éprouvent de la difficulté à vivre en harmonie. Le savant Enrique Quevedo est pourtant convaincu qu’une cohabitation pacifique est possible entre ces deux espèces. Voilà pourquoi il a rédigé ce manuel pratique, destiné autant aux petits humains qu’aux créatures étranges. Cet ouvrage magnifiquement illustré permettra enfin aux enfants de savoir comment réagir quand un être terrifiant surgit au moment où ils s’apprêtent à entrer dans la baignoire. Les monstres, quant à eux, y découvriront la meilleure façon de se faire des amis chez les humains, malgré leur apparence physique parfois rebutante.»

À la tombée de la nuit, quand le sommeil alourdit les paupières et que les peurs s’allongent sans crier gare, faisant rouspéter la tranquillité moelleuse de la maison silencieuse, toutes les rencontres sont possibles: les inusitées comme les improbables, les surprenantes comme les vertigineuses. Or, devant cet envahissant Inconnu, mieux vaut parfois pouvoir compter sur de sages conseils, afin d’avoir une chance de survivre à l’imprévisible. D’une plume coquine, à l’humour grinçant, Enrique Quevedo ose tenter l’impossible réconciliation de deux espèces ennemies depuis toujours, devant pourtant se côtoyer au plus sombre de l’imaginaire: les enfants et les monstres. Relancé par un univers visuel tout en fine et inquiétante éloquence, clin d’oeil au maître du troublant, Edward Gorey, cet opuscule fascine et dérange à la fois, flattant la frousse dans le sens du poil et chatouillant bravement l’épouvante sous cape. Petit bémol, toutefois: le choix d’une impression sur papier glacé nuit malheureusement à l’appréciation de l’inquiétant univers visuel de Quevedo, en minant la précision de son potentiel évocateur. Cela dit, il s’agit d’un album singulier, irrésistible, ébouriffant, à découvrir sans attendre… en gardant la lumière allumée, juste au cas.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩

lundi 6 mars 2017

Le demi-dieu aux bas blancs (Escouade Fiasco, t.1)


Par Julie Champagne, série L'Escouade Fiasco, t.1, chez La courte échelle.
Quatrième de couverture:
«Émilie reconnaît l’homme de sa vie en Thomas Saint-Louis. Le hic? Il ignore même qu’elle existe. Pire, dès qu’il apparaît, elle perd tous ses moyens et devient aussi loquace qu’un géranium. Pour remédier à ces incidents botaniques, sa meilleure amie Marisol multiplie les stratégies. Camouflage, interrogatoire musclé et hypnose seront-ils suffisants pour aider Émilie à conquérir Thomas?»

Pour Émilie, rien n’est jamais aussi simple qu’il y paraît. D’abord, il y a sa famille, reconstituée, bourdonnante de vie et de petites trahisons au quotidien. Puis, il y a l’amour qui frappe sans crier gare, avec bas blancs, yeux brillants et tout le bataclan. Et enfin, il y a cette gaucherie chronique, la sienne, celle qui, sournoisement et inéluctablement, mine sa vie sociale et sentimentale. Heureusement, il y a aussi Marisol et ses plans rocambolesques (presque!) infaillibles…! Dans ce premier tome d’une série qui promet d’en faire voir de toutes les couleurs, Julie Champagne raconte l’adolescence, ses élans spontanés, ses coups de gueule, ses coups de foudre et ses ratés. Mené par la verve cocasse et irrésistible d’Émilie, ce charmant opus sait dire avec une audacieuse lucidité et une délicieuse ironie la vie et ses inexplicables détours. Une escouade singulière et inoubliable dont on meurt d’envie de lire les futures (et inévitables) mésaventures!…


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩

samedi 4 mars 2017

Série Simon et moi

Par Simon Boulerice, illustré par Guillaume Perreault, série Simon et moi, tomes 1 à 4, chez Fonfon.
Résumés de l'éditeur (tomes 1 à 4):
«Simon est capable de bien des choses. Et toi, es-tu capable de lire ce livre?
Simon obéit toujours aux règles. Enfin… presque toujours!
Simon rime avec imagination. Toi, quel mot rime avec ton prénom?
Simon a son style bien à lui et il aime le montrer. Place au défilé!»

Dans le monde de Simon, il y a un tas de choses à accomplir (dans la mesure du possible), une foule de règles à suivre (ou pas), une foison de mots aux sonorités complices (et coquines), et une myriade de styles charmants à adopter (si on les ose). Impossible donc de résister à l’envie d’y plonger sans attendre!... Simon Boulerice met cette fois sa prolifique et sensible plume au service des lecteurs tout neufs, en leur proposant ce rafraîchissant bouquet de courtes aventures au quotidien. S’articulant avec une astucieuse simplicité, une délicieuse malice, et s’épanouissant sous les traits taquins de l’univers visuel de Guillaume Perrault, cette série de premières lectures, à la candeur délectable, étonne et fascine, pour le plus grand plaisir des lecteurs en herbe. À découvrir absolument!



Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩

vendredi 3 mars 2017

Plus gros que le ventre

Par Michaël Escoffier, illustré par Amandine Piu, collection Maxi Boum, chez Frimousse.
Résumé de l'éditeur:
«Attention! N’ouvre pas ce livre! 
DANGER - PRUDENCE

Ce livre contient un monstre avec deux gros yeux énormes. Referme vite, sinon il va te manger. Tu es sûr que tu veux tourner la page? On t’aura prévenu!»

Les monstres ont faim. Toujours faim. Ils n’arrêtent jamais de manger. Tout ce qui croise leur regard. Tout ce qui croise leur chemin. Et si, pour une fois, ce gargantuesque appétit pouvait sauver la vie du lecteur? De son inimitable plume à la verve coquine, Michaël Escoffier raconte le périple culinaire du terrible monstre sévissant dans la forêt. Tricotant une dynamique trame narrative, relancée par l’univers visuel coloré et éloquent d’Amandine Piu, cet album interpelle joyeusement le lecteur, le mettant en garde contre l’inextinguible gourmandise de son monstrueux ennemi et lui offrant une astucieuse chute. Un opuscule rigolo et décoiffant qu’il fait bon lire (et relire!) en famille.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮


jeudi 2 mars 2017

Une mère à Brooklyn

Par Ingrid Chabbert, aux Éditions du Mercredi.
Quatrième de couverture:
«Judith a 15 ans. Hantée par le secret qui entoure sa naissance, elle se rebelle contre le monde entier. Comment se construire et aller de l’avant quand on ne connaît que la moitié de son histoire? Un séjour à New York va bouleverser sa vie et lui apporter les réponses qu’elle n’a jamais eues.»

Avoir une mère partie sans regarder en arrière, un père qui se tait, une belle-mère qui tente tant bien que mal de se fondre dans le décor et un torrent de questions qui bouillonnent au fond de l’âme, ça déconstruit insidieusement le bonheur au quotidien. Si, pour couronner le tout, on se voit plongé, sans crier gare, dans un passé qui a refusé de nous inclure dans son futur, c’est le début d’un périlleux parcours avec, pour seul filet, le fil ténu qui donne un sens au présent. D’une plume au vibrant tumulte, Ingrid Chabbert raconte les tourments de l’adolescence qui se cherche par-delà l’abandon. De Paris à Brooklyn, elle fait résonner le silence échevelé d’une jeune vie à l’aile brisée. Un chamboulant opuscule, qu’on aimerait un peu plus loquace, s’aventurant un peu plus loin au creux de ses rebondissements prometteurs, mais qui parvient à émouvoir dès les premières pages.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩




ATTENTION! Ce livre n'est disponible que sur commande, en Amérique du Nord.

lundi 27 février 2017

Super cagoule

Écrit et illustré par Antonin Louchard, chez Seuil Jeunesse.
Quatrième de couverture:
«Surtout, n’enlève pas ta cagoule, hein? Ça protège ta tête et ça t’empêche d’attraper des otites. C’est pas grave si ça gratte, ça gratte, ça gratte!»

L’enfance. Cette enfance que les adultes veulent protéger des écueils. Contre vents et otites. Et tant pis s’il y a des désagréments: ce qui compte, c’est de ne pas avoir froid, point. Et si, l’esprit vif de l’enfant n’avait pas dit son dernier mot? De sa plume à la verve rigolote, Antonin Louchard revisite, avec un aplomp savoureux et une répartie irrésistible, la fameux mythe du Grand Méchant Loup. Un opuscule habile qui ose souligner qu’il vaut parfois mieux éveiller les esprits et affûter la lucidité, plutôt que d’endormir la vigilance dans un cocon de bonnes intentions. À mettre entre toutes les petites (et grandes!) mains, pour faire un pied-de-nez à l’inquiétude!


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮ 

samedi 25 février 2017

La marque


Par Anne Loyer, chez Bulles de savon.
Résumé de l'éditeur:
«Dans un monde où le réchauffement climatique a imposé sa loi, la terre a été dévorée par le soleil. La vie s'est organisée autour de Kyos, cité-oasis qui possède et distribue l'eau, denrée essentielle en ce désert sans fin. Pour en bénéficier, encore faut-il avoir un enfant marqué. La Marque brille au front de Sika. Elle vient d'avoir quinze ans et elle sait qu'elle doit rejoindre Kyos pour permettre aux siens de survivre. Mais sa rencontre avec Rey, qui a refusé d'obéir au diktat de la cité-oasis, va lui ouvrir les yeux. Pourront-ils, ensemble, échapper à l'emprise de Kyos?»
Quand la Terre, desséchée irrémédiablement par l’insouciance passée d’une humanité ne voyant pas plus loin que ses désirs immédiats, tient ses habitants en otage dans une désolation caniculaire, que reste-t-il de la liberté d’exister? Et si un improbable et mystérieux oasis osait faire miroiter l’espoir d’un avenir, la soif justifierait-t-elle tous les moyens? Dans ce futur troublant de vérité, que ne ferait pas l’Homme pour sauver ce qu’il croit essentiel? Cet essentiel qui n'est pas le même pour tous ? Bousculant la tranquillité de notre présent qui joue à l’autruche avec le réchauffement climatique, Anne Loyer entraîne tout doucement le lecteur au cœur d’une dystopie chamboulante, et tricote un possible déroutant, mené à bout de cœur par des personnages forts et fascinants. Toutefois, malgré le charme envoûtant de sa plume, un gros bémol vient brouiller l’expérience de lecture : le rythme inégal de la narration touffue. En effet, si les deux premières parties installent le contexte avec lenteur et minutie, construisant une atmosphère lancinante, à l’image de la chaleur qui pèse sur le peuple des Tentes, tout déboule sans crier gare, dans la dernière partie, frôlant par moment l’invraisemblable. Cette riche prémisse aurait sans doute mérité de s’épanouir en un diptyque, afin de permettre au lecteur d’apprécier à sa juste valeur la plume fine et patiente d’une auteure qui sait dire avec justesse. Un opus dérangeant qui mérite malgré tout qu’on y plonge pour se faire tomber les œillères.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩