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samedi 30 avril 2016

Le deuxième étage de l'océan


Par Carle Coppens, illustré par Julie Rocheleau, chez Le Quartanier, collection Porc-épic.

Quatrième de couverture:
«Personne n’était au courant
Mais il y avait un deuxième étage à l’océan
On y accédait par un escalier en fer
Grimpant le long de la façade arrière
D’un duplex où vivait un petit garçon
Qui avait tout juste l’âge de raison»

Dans une famille où les mots fusent de partout, s’entrechoquent, s’épivardent, se coupent la virgule au pied de la lettre, oser faire entendre sa voix n’est pas une mince affaire. Il faut d’abord dénicher ce qui nous démange le bagou, puis, mission quasi-impossible, trouver une façon de museler les autres moulins à paroles assez longtemps pour s’exprimer, en monopolisant stratégiquement leur attention. Pas simple, tout ça, quand on est un timide néophyte du bavardage. Si seulement on pouvait avoir une bonne histoire, bien extravagante, sur le bout de la langue!… D’une plume singulière, une plume qui se raconte haut et fort, Carle Coppens entraîne joyeusement le lecteur à la limite du réel et de l’imaginaire, faisant s’entrelacer les possibles et l’improbable, bravant les interdits, dans un cocasse périple entre ciel et terre. Misant audacieusement sur un verbe tout en poésie et en rimes, et porté par l’univers visuel évocateur de Julie Rocheleau, cet opus qui n’a pas froid aux yeux ébranle les repères juste assez pour semer un délicieux doute et faire se multiplier les questions. À lire en choeur ou en canon: jeunes et moins jeunes s’y retrouveront.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩






Le mois d'avril 
de mon Défi littéraire 2016

vendredi 29 avril 2016

Comme ci, comme ça!


Écrit et illustré par Caroline Merola, chez Bayard Canada.

Quatrième de couverture:

«Dans le Grand Théâtre de la ville, on présente un spectacle extraordinaire : un hypnotiseur, des monstres bizarres, des chiens savants, une sirène...»

Les yeux, ces coquins influençables, ne voient souvent que ce qu’on veut bien leur faire croire qu’il y a à voir. Et si on s’amusait un peu avec eux? D’une plume toute simple, portée par une palette colorée à l’imaginaire délicieusement farfelu, Caroline Merola brode une soirée rocambolesque au coeur d’un cirque pas comme les autres. Faisant voyager habilement le regard et le cerveau d’un bout à l’autre de ses illustrations sens dessus dessous, elle ose chambouler malicieusement les repères, multipliant les pirouettes narratives et visuelles au grand bonheur du lecteur. Un opuscule audacieux, gymnastique rigolote pour petits yeux curieux, qui fera de chaque lecture une aventure inoubliable.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩

jeudi 28 avril 2016

Les carnets de Cerise 4 - La déesse sans visage


Scénario de Joris Chamblain, dessins d'Aurélie Neyret, chez Soleil, collection Métamorphose, Série Carnets de Cerise t.4.

Quatrième de couverture:
«L’heure des vacances a sonné! La visite d’un étrange manoir annonce une nouvelle enquête: chaque pièce est une énigme, chaque objet est un indice. Mais il est des secrets plus anciens qui ne demandent qu’à être dévoilés. Qui est cette déesse sans visage qui trône dans une pièce secrète? Où se cache la partie manquante de ce tableau? Mais surtout, qui tire vraiment les ficelles de ce nouveau mystère? Si Cerise ne résout pas l’énigme à temps, les conséquences risquent d’être terribles…»

L’amour, le vrai, celui qui obnubile, qui fait briller les yeux et sourire l’âme. Celui, aussi, qui parfois dérange, puis, s’échappe sans crier gare, éteignant l’espoir dans sa fuite et faisant déferler les regrets. Un amour, inoubliable, inextinguible, traversant les années et se frayant un chemin de traverse envers et contre tous. Et si Cerise, enquêteuse passionnée à la plume bien pendue, se trouvait emmêlée une fois de plus dans un inextricable écheveau de mystères et de romance déçue? Et si, cette fois, cela remuait un brin trop un passé enfoui, chamboulant le présent au passage, que cela faisait se tarir les mots, si chers à Cerise, ces mots qui savent dire? D’un même souffle, à travers cet hybride entre l’épistolaire et le roman graphique qui est devenu leur signature, l’inimitable duo Chamblain/Neyret tricote habilement un périple enlevant pour Cerise et ses complices de toujours. Fleurant bon l’air du large, et faisant astucieusement s’enchevêtrer des bribes significatifs des intrigues précédentes, cet opus tout en justesse et en sensibilité semble installer discrètement les bases d'un dénouement final; un prochain (et peut-être dernier?) tome qu’on souhaite imminent, bien sûr, espérant (impatiemment!) pouvoir le dévorer sans trop tarder. 


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩

mercredi 27 avril 2016

Qu'y a-t-il dans la boîte?


Écrit et illustré par Pieter Gaudesaboos, chez La Pastèque.

Quatrième de couverture:

«Dans cette histoire, il y a un pilote, un capitaine, un machiniste, une conductrice, un facteur, une fillette… et une immense boîte!»

Qui a déjà pu lutter contre l’envie irrépressible d’ouvrir une boîte au contenu inconnu? Ou alors, tourner le dos sciemment à un mystérieux colis qui refuse de révéler sa nature? Ou, pire encore, retenir sa curiosité par la manche? D’une plume tout simple, Pieter Gaudesaboos concocte une quête irrésistible qui ne cesse de rebondir sur elle-même, chaque péripétie en renfermant une autre à la manière des poupées russes. Porté par une trame dont la structure délicieusement répétitive nourrit la hâte de passer au prochain coup de théâtre, et par un univers visuel audacieusement épuré et stylisé, à la composition habile et aux nombreux détails à déguster, cet album tient le lecteur en alerte, lui chatouillant judicieusement l’imaginaire. Un opuscule étonnant qui fascinera dès la première page tournée...


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩

Florence et Léon


Par Simon Boulerice, illustré par Delphie Côté-Lacroix, chez Québec Amérique.
Quatrième de couverture:
«Florence a un problème aux poumons, mais enseigne la natation; pour elle, c’est toujours comme si elle respirait dans une paille. Léon a un problème aux yeux et est agent d’assurance; pour lui, c’est toujours comme s’il regardait par le trou d’une paille. Leur rencontre chamboulera leurs vies. Et si les différences pouvaient devenir une force? Et si l’amour pouvait naître au bout d’une paille?»

Dans la vie, marcher en ligne droite, ça peut devenir ennuyant. Pour faire taire la monotonie, certains irréductibles choisissent de louvoyer joyeusement, en quête de sentes cachées. Or, pour d’autres, à qui l’existence réserve d’emblée un parcours plus cahoteux et imprévisible, contourner les abysses et gravir les Everest semés sur le chemin par leurs limitations n’est pas un choix, mais bien la seule façon d’avancer. D'une plume tendre, Simon Boulerice raconte le parcours hors norme de Florence et Léon, ces deux aventuriers aguerris pour qui apprendre à se jouer des obstacles fait partie du quotidien. Exposant peut-être un poil trop, par moment, les rouages éducatifs d’une trame où, pourtant, la romance s’immisce délicieusement, cet album s’épanouit malgré tout avec éloquence et justesse à travers la palette toute en simplicité et en sensibilité de l’univers visuel de Delphie Côté-Lacroix. Une petite bouffée de fraîcheur, inspirante et émouvante, à savourer tout doucement...

Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩

vendredi 22 avril 2016

Timinou

Par Caroline Barber, illustré par Marianne Pasquet, chez Bayard Canada.
Quatrième de couverture:
«Je m’appelle Timinou. Je porte des franfreluches, pose dans des magazines pour mémères à chats-chats et je n’aime pas ça! Moi, je rêve d’aventures, de vivre la vraie vie. Celle qui défile, sous mes yeux, de l’autre côté de la fenêtre du salon. Mon existence est vraiment ennuyeuse. T’aimerais pas, toi, choisir un peu ta vie?»

La vie n’est pas toujours rose quand on doit se prendre pour une fragile porcelaine. Surtout lorsqu’on rêve d’aventures ébouriffantes et de rencontres enlevantes. Mais qu’à cela ne tienne, à chat vaillant, rien d’impossible. Caroline Barber tricote joyeusement un petit guide cocasse de l’émancipation féline, porté par l’univers visuel à l’éloquence colorée de Marianne Pasquet. Si, bien sûr, on rigole en suivant le rigoureux «entraînement» d’un Timinou bien déterminé à ne pas se laisser marcher sur les pattes, on reste malheureusement sur notre faim, une fois la dernière page tournée, avec l'envie de savoir comment se serait déroulée réellement la «nouvelle vie» de Timinou, une fois ses griffes confrontées au «vrai monde» auquel il aspire. Un album qui aurait gagné à ne pas trop piétiner dans la préparation au Grand Saut vers la liberté, mais qui demeure fort chouette à découvrir… surtout pour les yeux!


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ 1/2 ✩

jeudi 21 avril 2016

Les poèmes ne me font pas peur


Par Laurent Theillet, chez Boréal, collection Boréal Inter.

Quatrième de couverture:
«À quinze ans, rien n’est facile, le monde entier est une contradiction. Heureusement, il y a les poèmes. Les poèmes sans virgules d’une adolescente pas tout à fait comme les autres. Sur sa bicyclette, elle file sans regarder en arrière. Elle pense à l’amoureux qu’elle n’a pas, à sa copine Chloé qui a déménagé loin de chez elle, au père qu’elle a perdu et qui lui manque cruellement. Elle songe à sa vie normale, trop normale, faite de larmes et d’éclats de rire. Et quoi qu’il arrive, elle se dit une chose, c’est que " celui qui n’a pas peur des poèmes n’a peur de rien ". »

Écrire comme on respire. Comme on respire quand la grisaille triture l’âme et que le soleil s’enfuit à l’horizon. Quand les émotions prennent toute la place. Des émotions enchevêtrées. Inextricables. Écrire à petites lampées salutaires. Écrire parce qu’on n’a pas peur des mots. Écrire pour s’accrocher a quelque chose. N’importe quoi, sauf le vide. De sa plume d’une simplicité toute audacieuse, Laurent Theillet raconte le chaos de l’adolescence en faisant voguer les mots à leur guise. Il chuchote au lecteur une lancinante poésie échevelée, celle de la vie en kaléidoscope d’une âme qui se cherche. Poème au long souffle, qui déboule comme un roman, cet opus singulier bouleverse et émeut, laissant entrevoir cette irréductible soif de vivre qui se cache souvent, envers et contre tout, sous les remous.


Et un extrait... pour donner le goût de plonger entre les pages.

«Ma prof
un matin
m’avait dit:
écrire
c’est mettre tes mots en ordre
pour ranger le désordre
dans ta tête.

C’est vrai
dans ma tête
c’est le foutoir.
Il va falloir
que j’en fasse
du rangement.
Et pas qu’un peu.

Mon crâne
est un placard
en vrac.»


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✩

mardi 5 avril 2016

Boris Brindamour et la robe orange


Par Christine Baldacchino, illustré par Isabelle Malenfant, chez Bayard Canada.

Quatrième de couverture:

«Boris est un petit garçon qui aime utiliser son imagination. Il rêve d’aventures spatiales, peint de belles images et aime chanter très fort pendant les comptines. Surtout, Boris aime le coin des déguisements de sa classe. Il aime porter la robe orange. Les enfants de sa classe ne le comprennent pas. Les robes, disent-ils, sont pour les filles. Et Boris n’est certainement pas le bienvenu dans le vaisseau spatial que certains de ses camarades de classe ont construit. Les astronautes, disent-ils, ne portent pas de robe.»

Sortir des ornières. Oser voir au-delà des chemins pavés. Embrasser cette voix qui danse en nous. Parce que si le monde entier vibrait à l’identique, d’un prévisible ronronnement quotidien sans personnalité propre, l’humanité et son étincelle d’unicité s’éteindrait. D’une plume tout en finesse, Christine Baldacchino raconte les timides et houleux premiers pas d’un jeune être qui s’affirme par-delà les oeillères qui voilent le coeur des autres. Bercé par la palette à la tendresse ébouriffée d’Isabelle Malenfant, cette histoire délicieusement singulière sait dire avec justesse la tristesse et la joie d’exister en marge, sans s’enfarger les mots dans le pathétique. Une ode sublime et lumineuse à la richesse de la diversité.


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮





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