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mercredi 12 février 2014

C'est le coeur qui meurt en dernier


Par Robert Lalonde, Boréal
Résumé de l'éditeur
«"J’émerge, essoufflé, d’un rêve où tu t’adressais à moi dans une langue inconnue. Inquiète, énervée, volubile au-delà de ton accoutumée, tu cherchais à me confier le fin mot de ton histoire, la réponse enfin à ta question lancinante – 'J’ai été qui, j’ai été quoi, peux-tu me le dire?' – mais arrangée dans un charabia inintelligible, où revenaient sans finir, comme le refrain traînant d’une complainte, mes trois prénoms, chantonnés tristement, à la manière des prières que je marmonnais autrefois sans comprendre ce qu’elles voulaient dire. C’est moi, bien sûr, qui me pose à moi-même, en plein cœur de la nuit, la question suppliciante. C’est ma voix dans la tienne qui psalmodie Joseph, Serge, Robert, espérant que ces trois-là répondront à l’appel et articuleront à ma place une réponse claire, nette, définitive à ta grande question "à cent piastres". Quelque chose comme : "J’ai été celui qui a eu raison de t’aimer, puis raison de te haïr et de m’enfuir, raison de faire ma vie loin de toi, et finalement raison de rentrer, même s’il se fait tard."»

Toute ébaubie. Ballotée entre le rire et les larmes, ma gorge se serre pour endiguer le trop-plein. Je viens à peine d'émerger de cet opus échevelé, envoûtée par cette chamboulante plume à deux souffles, par les mots de Robert Lalonde, si justes, à l'éloquence tranquille et aux silences touffus; sa plume fournie, riche, que bouscule gaillardement la voix de sa mère, de ses mots tout simples qui fusent sans crier gare, qui dévoilent son âme en kaléidoscope avec l'aplomb de la rivière indomptable sous la glace de janvier. C'est la vie dans tout ce qu'elle a d'inextricable et de contradictoire, la vie qui s'écrit entre les lignes et qui se rêve à tout vent pour en accepter la tourmente. C'est l'humain, avec ses failles, s'enfargeant dans les ornières et relevant la tête pour apercevoir l'éclat d'un bonheur qu'il n'attendait plus. C'est sublime et terrifiant. Ça bouleverse. Ça attendrit. Ça fait sourire. C'est d'une désarmante authenticité. On le lit sur la pointe des pieds, en retenant son souffle comme pour ne pas troubler cette émouvante réunion de la dernière heure. Et on n'en ressort pas indemne. Un petit bijou de sensibilité dans lequel il faut se plonger absolument.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★