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mardi 30 avril 2013

Conversations avec Romy


Par Mathieu LeBlanc, illustré par Philippe Lagarde, La Bagnole

«Romy a 4 ans et demi. Souvent impitoyable, douée d'un extraordinaire franc-parler, Romy ne ménage personne sur son passage... Son papa, Mathieu LeBlanc, note ses déclarations et commentaires sur son iPhone. Il insiste sur l'importance de l'immédiateté : c'est pourquoi le matin, en route vers la garderie, il n'hésite pas à s'arrêter sur l'accotement pour écrire sur-le-champ, en en respectant fidèlement la structure, la dernière réplique poétique ou sarcastique de sa fille!»

Petits moments tendres, parfois graves, et fous rires assurés, voilà ce que réserve ce délectable recueil des mots de Romy. Truculente, vive et extraordinairement lucide, Romy en est définitivement la star, et c'est amplement mérité! Ses répliques sont inimitables, candides et joyeusement décapantes... et c'est toute une chance que Papa-Mathieu les ait notées assidûment, sans altérer la fraîcheur de l'enfance. Un livre à dévorer en riant, à citer à tous vents, ou à grappiller tout doucement... Exquis.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★

Émile se déguise


Par Vincent Cuvellier, illustré par Ronan Badel, Gallimard Jeunesse, Giboulées, Émile 5

«Aujourd'hui... C'est carnaval. Tout le monde doit se déguiser. C'est comme ça et pas autrement!»

C'est le retour d'Émile le joyeusement irrévérencieux! Le mémorable duo de créateurs, Vincent Cuvellier et Ronan Badel, récidive une fois de plus avec une nouvelle aventure d'Émile, dont le quotidien est tout sauf banal. Si l'univers visuel est toujours aussi délicieusement déroutant et habilement éloquent, l'histoire est un peu plus fade, par contre. Certes, le choix final d'Émile, dans la boîte à déguisements, est surprenant et rigolo, mais la narration n'est malheureusement pas aussi savoureuse que dans Émile est invisible ou Émile veut un plâtre; la magie n'opère pas tout à fait. Cela dit, malgré ce petit bémol, Émile demeure un personnage craquant, alors, n'hésitez pas à faire sa connaissance...!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis


Par Luis Sepúlveda, illustré par Joëlle Jolivet, Métailié

«Max est l’humain de Mix et Mix est le chat de Max. Ils grandissent ensemble, ils sont amis pour de vrai. Lorsque Max part faire ses études, il emmène son chat bien-aimé. Max est souvent absent et Mix, devenu vieux et aveugle, passe de longues journées solitaires. Un jour un bruit suspect lui révèle la présence d’une souris mexicaine très sympathique, qu’il baptise Mex. La souris bavarde et trouillarde, raconte le monde à Mix, qui l’emmène en balade et lui donne un coup de main quand il faut atteindre la dernière étagère du placard. Ils sont très différents mais entre le chat rêveur et la souris gourmande et volubile naît une amitié comme sait si bien les raconter Luis Sepúlveda.»

C'est une histoire sans âge, et sans limites. Une histoire où les souris parlent et les chats écoutent. Une histoire en forme de conte. Un conte en forme de fable. Une fable des temps modernes. Il y a en elle toute la vie, ses surprises, ses bonheurs, ses écueils, et surtout ce délicieusement improbable, cet inattendu des temps gris, ce clin d'oeil d'un Destin qui s'amuse. Porté par la plume juste, fine et ronronnante de Luis Sepúlveda, et vibrant à travers les traits sensibles de Joëlle Jolivet, cet opus singulier est un bijou de bibliothèque, un incontournable universel, un livre à lire, à relire, à faire découvrir et à offrir encore et encore. Sublime.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★ 

Plus tard, je serai moi


Par Martin Page, Rouergue, DoAdo

«Les parents sont des gens bizarres. Parfois ils ont de ces lubies ! De peur de ne pas être parfaits, ils font n'importe quoi. Ceux de Séléna ont soudain décidé qu'elle deviendrait une artiste. Pas avocate ou médecin ou pilote d'avion ! Non, artiste. Et ils sont prêts à tout pour ça. Même à lui rendre la vie impossible, sous prétexte que les artistes ont souvent eu une jeunesse difficile.»

Un étrange petit roman, que ce dernier Martin Page. Une prémisse intéressante, indubitablement... mais oh! quel développement décevant! Une valse-hésitation confuse entre le documentaire pédagogique et la fiction, entre la littérature et l'essai didactique. Le personnage principal, plongé en pleine tourmente existentielle par des parents complètement fêlés et dégoulinant de bonnes intentions, navigue en ces eaux artificiellement troubles avec l'aisance, le calme et la sagesse... d'un adulte en milieu de vie! Ne vous méprenez pas: j'ai toujours cru en la lucidité de la jeunesse, en sa maturité, même et surtout à l'adolescence. Pourtant, cette fois, le camouflage trop maladroit de la voix adulte de l'auteur à travers la caricature de l'ado typique m'a fait complètement décrocher d'une intrigue ténue, cousue de fil blanc. Terriblement dommage de sous-estimer ainsi l'intelligence des lecteurs, leur capacité de comprendre à travers les lignes, à travers leurs mots à eux, leurs maux à eux... D'autant plus que le sujet abordé en est un de taille, un qui ne se range pas dans la boîte à souvenirs une fois l'âge adulte atteint, comme semble l'insinuer l'auteur; comment découvrir et assumer qui nous sommes, puis agir en conséquence tout au long de son existence est un de ses parcours qui peut prendre toute une vie!


Lili lui donne: ★ ★ ☆ ☆ ☆

lundi 29 avril 2013

Adam est fort


Par Sophie Lescaut, illustré par Éléonore Thuillier, Kaleidoscope

«Rien ne résiste à Adam, il est trop fort! Quand il part à la conquête du monde sur son tricycle, quelle force! Quelle énergie! Mais attention Adam...»

Un mignon petit opuscule, tout en simplicité. Sophie Lescault narre avec concision et humour cette histoire où réalité et fiction s'entremêlent joyeusement. Si l'aventure d'Adam est plutôt classique, l'univers visuel touchant et expressif d'Éléonore Thuillier lui ouvre la porte d'un imaginaire cocasse et coloré. Un album qui ravira les petits téméraires de ce monde!...


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆




vendredi 26 avril 2013

Horten's Incredible Illusions: Magic, Mystery & Another Very Strange Adventure


Par Lissa Evans, Sterling Children's Books, Stuart Horten 2

«When we last left 10-year-old Stuart, he had just recovered his great-uncle Tony's long-lost magic workshop. Now all the priceless tricks are on display in the Beeton Museum - and Stuart is junior curator of the exhibit! But another mystery awaits Stuart: Where did the great magician hide his will? Only by entering the magic world of the workshop can he find the answer. But as the mechanisms whisk him off on increasingly incredible adventures, the puzzles become harder and harder to solve...and the stakes higher.»

Bonheur! Le deuxième (et dernier) tome de la série est indiscutablement une réussite, aussi délicieusement enlevant que le premier!  La narration de Lissa Evans, vive, échevelée et débordante de rebondissements, captive habilement le lecteur, le plongeant au coeur de l'action sans même lui laisser le temps de souffler. Emportés par le rythme effréné auquel se succèdent les péripéties, on ne peut que dévorer les pages avec avidité, fébriles, sentant l'intrigue se complexifier à vue d'oeil, les personnages s'empêtrer dans les ornières magiques des machines incroyables de l'oncle Tony et espérant qu'à la toute fin, tout finira par retomber en place. Et ça fonctionne. Rondement. Astucieusement. Une dose d'aventure et d'inattendu tout simplement délectable.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★ 

jeudi 25 avril 2013

L'ère glaciaire dans la glacière


Par Sylvie Desrosiers, illustré par Rémy Simard, La Courte Échelle, Les voyages de Philibert Tanguay 1

«Olivier, le frère de Philibert, passe plus de temps dans les nuages que sur la terre ferme. Il met au point une potion qui devrait les transporter à l’endroit et l’époque de leur choix. Première destination : une chasse aux mammouths pendant l’ère glaciaire. Ce voyage les mène sur les traces de ces gigantesques mammifères et d’autres créatures qui leur réservent des surprises absurdes. Puis, Olivier décide de se rendre à Trois-Rivières, en 1651, afin d’affronter les impitoyables Iroquois de l’époque. Flairant le danger, Philibert le suit à contrecœur tandis qu’un compagnon de voyage inattendu se joint aussi à eux. Les aventuriers découvrent malgré eux que des citadins modernes ne passent pas inaperçus dans un fort de Nouvelle-France et que, dans le monde de l’absurde, rien n’est impossible. Dans Le rire d’Ameri Khân, Jeanne se joint aux deux explorateurs pour une visite imprévue dans un désert très particulier. Le désert de Gobi du monde de l’absurde n’a rien à voir avec celui des cours de géographie, et son chef, Améri Khân, a un sens de l’humour très particulier : il exige que ses visiteurs le fassent rire, sinon il les tue. Réussiront-ils à sauver leur peau ? Et même s’ils survivent à Khân, resteront-ils prisonniers de l’absurde pour l’éternité?»

Un périple joyeusement déjanté à travers l'histoire et le temps. Sylvie Desrosiers concocte au lecteur une aventure enlevante, rebondissante d'actions et d'imprévus, qui tient en haleine jusqu'à la toute fin. Les deux frères, aux personnalités diamétralement opposées, forment un duo irrésistiblement incongru, trébuchant dans la logique tortueuse des voyages dans le temps, et s'empêtrant jusqu'au cou dans les anachronismes, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Un premier tome habile qui donne le goût de dévorer la série en entier!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

mãn


Par Kim Thúy, Libre Expression

«mãn est une histoire d'amour entre une femme et celles qui l'ont, tour à tour, fait naître, allaitée, élevée. Elle a été déposée dans le potager d'un temple bouddhiste sur le bord d'un des bras du Mékong par une adolescente. Une moniale l'a recueillie et nourrie d'eau, de riz et du lait des seins d'une mère voisine, avant de la confier à une autre femme – enseignante de jour, espionne en tout temps. mãn parle de l'amour à l'envers, celui qui doit se taire, celui qui ne peut être vécu, celui qui ne doit pas s'inscrire dans le temps en souvenirs, en histoires. Or, juste avant la fin, ou au milieu d'un nouveau début, ailleurs, loin de la chaleur tropicale, près du corps, dans la lenteur aérienne des flocons de neige, il y a eu un amour à l'endroit, c'est-à-dire un amour ordinaire né d'une rencontre ordinaire, avec un homme ordinaire, ce qui était pour elle l'extraordinaire, l'improbable.»

Un petit bijou de finesse, d'humanité, brodé tout délicatement par Kim Thúy, et bouillonnant d'émotions plus grandes que tout, plus grandes que le silence et l'abnégation qui les poussent à se taire, à taire la vie qui pourtant se fraie un chemin, inexorable, au creux de l'âme. Construit habilement, avec sensibilité, entremêlant les arrêts sur image et la narration chronologique, Kim Thúy entraîne le lecteur tout doucement au coeur de l'humain, là où le passé laisse des traces et où le désir palpite, infatigable. Un opus mémorable, sorte de quête initiatique sans dessus-dessous, où la sagesse apprend à lâcher prise pour laisser le soleil pénétrer sa forteresse feutrée et imperturbable; comme quoi, comme disait Nietzsche: «Il faut avoir un chaos en soi-même pour accoucher d'une étoile qui danse».


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★ 

My Mom is Trying to Ruin My Life


Par Kate Feiffer, illustré par Diane Goode, Simon & Schuster

«Everyone has only nice things to say about my mom. Everyone likes her. She looks nice. She bakes great cookies and makes me feel better when I have a bad day. But would a really nice mom do embarrassing things like kiss me in public and tell loud jokes that no one thinks are funny? Well, my mom does those terrible things and worse - that's why I am sure that I have the most embarrassing mom in the world and that my mom is trying to ruin my life... Or is she?»

Kate Feiffer tricote de sa plume cocasse et rafraîchissante une charmante historiette, rigolote à souhait, qui plonge le lecteur au coeur de l'enfance, de ses «grands drames» du quotidien et de sa perception délicieusement farfelue des adultes. À travers l'univers visuel aux traits spontanés et éloquents de Diane Goode, cet opuscule désopilant fera se bidonner toute la famille!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

lundi 22 avril 2013

Old Possum's Book of Practical Cats


Par T. S. Eliot, illustré par Edward Gorey, Houghton Mifflin Harcourt

Résumé de l'éditeur:
«Eliot’s famous collection of nonsense verse about cats-the inspiration for the Andrew Lloyd Webber musical Cats. This edition features pen-and-ink drolleries by Edward Gorey throughout.»

La bible suprême pour les amoureux des chats et des mots. J'ai découvert avec plaisir ce petit bonheur d'opus, singulier recueil de "poèmes félins", mais aussi véritable étude de caractères à l'usage des humains avec qui daignent cohabiter (parfois) les chats. La plume de T.S. Eliot, fine, taquine et délicieusement lucide donne le ton, esquissant en quelques vers bien sonnants la personnalité de fameux spécimens de la gent féline. Relançant habilement cette inimitable galerie de portraits littéraires, l'univers visuel d'Edward Gorey, aux traits nets, à la monochromie audacieuse et à l'irrésistible style vieillot, charme indiscutablement le lecteur. Une petite curiosité de bibliothèque, inclassable, délirante et indispensable.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

Rapide Blanc


Écrit et illustré par Pascal Blanchet, La Pastèque

«Le village de Rapide-Blanc se trouve aux abords de la rivière Saint-Maurice à côté d'un barrage hydro-électrique. À l'époque, avec sa centaine d'habitants, ce "village de compagnie" avait été érigé par la Shawinigan Water and Power à l’intention des ouvriers de l’entreprise. Isolés en forêt, les gens devaient donc habiter sur place. On avait construit une église, une petite station de ski, un magasin général…, bref, c'était un véritable village en miniature. Dans les années soixante-dix avec l’arrivée de l’automatisation, le village a été démantelé. Aujourd'hui, il n’y reste que sept ou huit maisons en brique. Un village fantôme, comme on en trouve des dizaines sur le bord des rivières du Nord québécois.»

Un touchant saut dans le passé, au coeur de l'histoire du Québec, de ses ouvriers du Nord balayés par l'héritage de la Révolution tranquille. Après La Fugue, histoire muette mais ô combien émouvante, Pascal Blanchet allie cette fois, avec justesse et agilité, fiction littéraire, pans d'informations historiques et narration visuelle. L'éloquence sensible, intelligente et audacieuse de sa «voix» est toujours aussi bouleversante, faisant vibrer cette histoire hybride d'une humanité tendre et fragile. Un regard lucide sur la modernité, ses envolées, son efficacité, mais aussi sur sa part d'ombre qui dévaste, inexorable, à grands coups de rationalisation, sans égards pour ceux et celles qui l'ont pourtant portée à bout de bras.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

The Treehorn Trilogy


Par Florence Parry Heide, illustré par Edward Gorey, PomegranateKids, Treehorn 1, 2 et 3

«The Treehorn Trilogy contains three well-loved stories chronicling the trials of Treehorn, a young boy with a talent for getting into and out of (and sometimes right back into) unusual situations. The Shrinking of Treehorn finds him growing down instead of growing up; in Treehorn’s Treasure, he puts a creative spin on an adage spoken by his father; and a genie adds some befuddlement to the boy’s birthday in Treehorn’s Wish. In these tales—each written by Florence Parry Heide and illustrated by Edward Gorey—Treehorn’s quandaries are complicated by preoccupied adults, his fickle friend Moshie, and, of course, comic books, coupons, and cereal box tops.»

Un trio d'albums inoubliables, où l'enfance débridée souligne avec finesse l'absurdité aveugle de l'âge adulte. Florence Parry Heide tricote au lecteur une trilogie absolument exquise mettant en vedette l'inimitable Treehorn et sa vie débordante d'inattendu. Sa plume, vive, cocasse et juste plonge le lecteur dans un monde délirant de possibles et d'impossibles, et qui pourtant semble tout à fait conventionnel. Un voyage de l'autre côté du miroir auquel Edward Gorey contribue habilement en confrontant les traits ciselés, précis, de son univers visuel singulièrement vieillot aux intrigues déjantées de l'auteure, créant ainsi un portrait troublant d'un quotidien pas si «banal», finalement. Une série délicieusement rocambolesque, aux personnages désopilants et à l'ironie délectable. Rien de mieux pour se secouer l'âme de son inébranlable rationalité! Un pur bonheur.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★ 

Pour les lire en version française

Monsieur Stan n'a qu'à bien se tenir


Par Claudine Aubrun, illustré par Delphine Perret, Syros, Monsieur Stan 2

«À son grand désespoir, le jeune Antoine vit avec le chien le plus horripilant du monde. Le dénommé Stan, au culot inouï, donne son avis sur tout et fait ses coups en douce. Cette année-là, Antoine se réjouit de participer au spectacle de l'école. Et voilà justement que Stan obtient le premier rôle dans un film en 3D. Cette fois, c'en est vraiment trop...»

Un autre cocasse moment dans le monde farfelu d'Antoine et de son insupportable "chien" Stan. Claudine Aubrun, de sa plume inventive et rafraîchissante, réussit une fois de plus à plonger le lecteur dans les désopilantes mésaventures du pauvre Antoine, souffre-douleur d'un chien suffisant et égocentrique. Le point de vue narratif singulier, celui d'Antoine et de sa perception joyeusement improbable du quotidien, est délicieusement habile et incontestablement hilarant; cet environnement saugrenu dans lequel évolue Antoine défie en effet toutes les certitudes, la "sagesse" des adultes laissant place à une immaturité aveugle de gamin, comme si les rôles familiaux étaient sans dessus-dessous, et ce, au plus grand bonheur des lecteurs. Un opus fort agréable, à l'univers visuel rigolo et éloquent, et qui fera fuser les rires de bon coeur.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

Naufragée


Écrit et illustré par Mathilde Domecq, Glénat, Tchô!, Paola Crusoé 1

«Paola est partie en croisière avec son père, sa petite soeur et son grand frère. Mais le bateau coule et toute la petite famille se retrouve sur une île déserte. Une situation un peu délicate pour une famille parisienne.»

Sympathique relecture du mythe de Robinson Crusoé, à l'ère des réseaux sociaux. Mathilde Domecq propose une brochette de personnages bien typiques -la famille moderne quoi! -, et rigolos à souhait. Le lecteur est plongé dans l'action dès les premières pages, et installant habilement les bases de sa série, l'auteure lui donne indiscutablement la piqûre pour les prochains tomes. Vivement!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

vendredi 19 avril 2013

Looking for Atlantis


Écrit et illustré par Colin Thompson, Knopf Books

«When grandfather comes home from the sea for the last time, his ten year old grandson begins to search through the treasure that is hidden in the sailor's old wooden chest. Gold coins, diamonds and silver stars are all there but the boy is looking for something greater still. Before he dies, Grandfather makes a promise - his grandson will find Atlantis, all he has to do is learn how to look.»

Un périple complètement déjanté ouvrant toute grande la porte de l'imaginaire touffu de Colin Thompson. Encore une fois, l'univers visuel mène le bal de la narration, relançant le personnage principal, lui soufflant des pistes, chuchotant mille possibles au lecteur. On dévore d'ailleurs les illustrations avidement, avec l'inextinguible curiosité de l'enfance, suivant avec intérêt cette quête singulière de l'autre côté du miroir, ce combat ardu contre les certitudes et leurs oeillères. Si la fin est péniblement pontifiante (en fait, je vous suggère de tout simplement ignorer la dernière page afin d'éviter la désillusion pédagogico-moralisatrice!), c'est un bémol bien négligeable qui ne nuit en rien, au final, à la délectable expérience de lecture que cet album propose. Un petit bijou visuel, tendre, farfelu et définitivement inoubliable.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★ 


Pour le lire en version française

mardi 16 avril 2013

Me... Jane


Écrit et illustré par Patrick McDonnell, Little, Brown Books

«Here is the story of a little girl named Jane who dreamed of a life helping animals and grew up to help change the world.»

Une petite historiette tendre et rêveuse sur la naissance d'une des grandes de ce monde: Dr. Jane Goodall. Misant sur une narration simple, Patrick McDonnell esquisse les débuts enthousiastes de cette Jane à la candeur enfantine irrésistible et à la détermination inébranlable. Son univers visuel, véritable force de cet album, est d'une sensibilité et d'une finesse infinies; j'ai été totalement charmée par sa douce palette aux teintes délavées, son coup de crayon joyeusement échevelé et l'éloquence coquine de ses personnages. Une bouffée de fraîcheur et d'enfance à découvrir...


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆


Pour le lire en version française

Three Ladies Beside the Sea


Par Rhoda Levine, illustré par Edward Gorey, The New York Review Books, Children's Collection

«The place is remote:
Three houses beside the sea.
The characters are few:
Laughing Edith of Ecstasy, 
Edith so happy and gay.
Smiling Catherine of Compromise,
She smiles her life away.
And then there is Alice of Hazard, 
A dangerous life leads she.
The question in the plot is quite simple:
Why is Alice up in a tree?
The answer can be discovered:
Edith and Catherine do.»

Opuscule déroutant sur doux fond de conte philosophique. Rhoda Levine tricote finement une histoire hors du temps, insolite, portée par un trio improbable (mais charmant!) d'archétypes excentriques. S'épanouissant sous les traits grinçants et joyeusement biscornus de l'univers visuel d'Edward Gorey, cet album mémorable ensorcelle et déstabilise, chuchotant in petto au lecteur une vision inusitée de l'amour.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

lundi 15 avril 2013

How to Live Forever


Écrit et illustré par Colin Thompson, Knopf

«There is a library with endless shelves, containing every books ever written. At night the selves come to life. Doors and windows appear on the books, lights come on, and the sounds of the people living there drift out between the pages. In the dead of night this library becomes a teeming city in miniature. One night a young boy who resides with his family in a cookbook stumbles upon a long-lost library card for a book titled How to Live Forever. But the book is missing from its place on the shelf. The boy sets off to find it - and the secret of immortality.»

Quête singulière au coeur d'une bibliothèque rarissime, bourdonnante de vie et de sentes cachées. Dès la première page, Colin Thompson plonge le lecteur dans un univers visuel touffu, aux traits agiles, à la composition riche et éloquente, et à l'humour délectable. Çà et là, au fil des illustrations, des possibles à foison, le dévoilement habile, sous les yeux ravis du lecteur, d'un monde secret, partie intégrante et mystérieuse de cette bibliothèque inusitée se révoltant à sa façon contre l'existence sage et linéaire qu'on lui attribue habituellement. Et bien sûr, la délicieuse aventure de Peter et son chat, farfelue mais essentielle, portée par la curiosité séculaire et la soif inextinguible de l'humain pour l'immortalité. Un opus fascinant et saugrenu, réflexion sublime sur la valeur du Temps qui passe.

Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★


Pour le lire en version française

dimanche 14 avril 2013

Ish


Par Peter H. Reynolds, Candlewick Press, Creatrilogy

«Ramon loved to draw. Anytime. Anything. Anywhere. Drawing is what Ramon does. It¹s what makes him happy. But in one split second, all that changes. A single reckless remark by Ramon's older brother, Leon, turns Ramon's carefree sketches into joyless struggles. Luckily for Ramon, though, his little sister, Marisol, sees the world differently. She opens his eyes to something a lot more valuable than getting things just "right." Combining the spareness of fable with the potency of parable, Peter Reynolds shines a bright beam of light on the need to kindle and tend our creative flames with care.»

Une ode tendre et juste à la créativité qui bouillonne en nous. Peter H. Reynolds propose l'histoire simple, mais bouleversante, de l'unicité de chacun, et de son incroyable vulnérabilité. De sa plume fine, habile, jouant amoureusement avec les mots, et à travers un univers visuel joyeusement ébouriffé, il esquisse un portrait de l'artiste, de la naissance de cette petite flamme qui brûle en lui, et de tous ces éteignoirs qui menacent son intégrité. Un album d'une éloquente sensibilité, éloge de la candeur de l'enfance, de l'authenticité de l'âme. Comme quoi, la poésie est partout; il suffit d'enlever ses oeillères...


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆


Pour le lire en version française
(épuisé en Amérique du Nord... visez les bibliothèques!)

mercredi 10 avril 2013

La corde à linge


Par Max Férandon, La Bagnole

«Dans un petit village français épargné par le progrès, Juliet et Liam vont chambouler les traditions en faisant circuler Internet dans... une corde à linge! L'entreprise est de taille. C'est avec un nouvel ami et un vieux tracteur muni d'une roue de manège qu'ils prendront la route. Ils seront alors entraînés bien plus loin que prévu, dans une dimension qu'on croyait inaccessible : le passé.»

Un roman étrange et doux, sorte de bouquet de mots fleurant bon la campagne et le Temps qui s'attarde. Max Férandon souffle au lecteur une quête délicieusement saugrenue, à mi-chemin entre le vrai et le possible. Sa plume tendre et virevoltante chuchote au lecteur la vie, indomptable, imprévisible, incroyable même parfois. L'intrigue, joyeusement malicieuse, enchante et déroute, entraînant le lecteur dans une aventure singulière, onirique presque; Don Quichotte s'y serait sûrement plu, en compagnie de Liam et M. Michel, disparate duo de «chasseurs de passé», croisant un monastique moulin hors d'usage et chevauchant Zitor, la rutilante «Rossinante» des temps modernes. Un opus inénarrable et sans âge qui donne le goût de filer à travers champs pour tenter de saisir ses rêves au vol...


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★ 

mardi 9 avril 2013

Encore des questions? L'album de l'album


Par Yann Fastier, L'atelier du poisson soluble

«Fruit de quinze années de rencontres avec des classes, ce projet propose une approche inédite de la conception et de la fabrication de l’album, en tant que livre illustré pour enfants.»

Un documentaire délicieusement déjanté qui cerne avec justesse, concision, et beaucoup d'humour, la nature de l'album pour enfants. Yann Fastier mise sur une narration dynamique, à plusieurs voix, où le texte et l'image interagissent de concert; tantôt informative, tantôt totalement hilarante, la narration interpelle le lecteur sans cesse, lui confiant son savoir et en faisant son complice (par l'intermédiaire, entres autres, de l'univers visuel qui parfois raconte sa part de l'histoire, sans dire un mot). J'ai eu un coup de coeur pour les personnages des enfants, authentiques et candides, évoluant dans la «narration visuelle» de l'album: plus particulièrement pour le personnage du petit mon-père-est-meilleur-que-toi, insupportable de suffisance et d'ignorance, mais totalement attachant, tout compte fait. Ces personnages, joyeusement archétypaux, relancent la «discussion» de l'auteur avec le lecteur, exprimant tout haut ce que ce dernier pense peut-être tout bas. Un opus hybride et audacieux, donc, qui secoue les repères empoussiérés des documentaires traditionnels et s'impose comme un incontournable de l'apprentissage.  Vous n'en aurez jamais autant découvert en riant aux éclats!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★ 


lundi 8 avril 2013

Maria Chapdelaine



Par Louis Hémon, adapté par Jennifer Tremblay, illustré par Francesc Rovira, La Bagnole

«Maria Chapdelaine a grandi dans un pays où le froid est maître de toutes choses. Si l'été passe parfois, c'est seulement pour rappeler à quel point l'hiver est terrible. Dans son coeur de jeune fille, Maria garde le secret d'un amour véritable pour François Paradis, un coureur des bois courageux qui a promis de revenir auprès d'elle au printemps. Mais la rigueur du pays aura raison du courage du jeune homme. La belle Maria, si forte et si exemplaire, devra faire un choix déchirant : partir loin de sa famille et connaître enfin une existence plus facile, ou rester auprès des siens et donner sa vie à cette terre qui l'a vue naître et l'a nourrie?»

Adaptation habile et rafraîchissante de ce mémorable classique du terroir. Travaillant directement à partir du texte original de Louis Hémon, Jennifer Tremblay sait en faire disparaître astucieusement les passages un brin arides, proposant ainsi une narration plus directe, sans toutefois sacrifier la richesse et la complexité de la plume de l'auteur. Quant à l'univers visuel tendrement ébouriffé de Francesc Rovira, il insuffle une délicieuse (et salutaire!) bouffée d'humanité à cette rude et vertueuse réalité d'autrefois, permettant aux lecteurs d'aujourd'hui de se sentir interpellés malgré le contexte historique plutôt austère. Une cure de rajeunissement juste, intelligente et savoureuse qui permettra à toute la famille de découvrir cet incontournable du paysage littéraire québécois.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆


Margot


Par Fanny Robin, illustré par Delphine Vaute, L'atelier du poisson soluble

«Un album qui rompt délicatement le silence et laisse libre la parole, contrairement à celle de Margot qui aurait tant dû être entendue.»

Un petit morceau de silence. Un silence bouillonnant d'émotions, et de secrets, et de cris muets appelant à l'aide. Fanny Robin et Delphine Vaute murmurent de concert l'histoire de Margot, et des autres. De ceux qui n'ont pas su, maladroitement, entendre sa détresse entre les lignes, mais aussi, surtout, de ceux qui, en la brisant, lui ont fait rêver du fond de l'eau. Voguant au rythme d'une narration feutrée sachant se faire toute petite pour céder la place au non-dit, et vibrant avec éloquence à travers un univers visuel remuant, à la palette candide et à l'habile pouvoir évocateur, cette histoire singulière chamboule tout sur son passage. Un plongeon fin et sensible, mais aussi terrible et impitoyable, de l'autre côté de l'enfance.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆


dimanche 7 avril 2013

Horten's Miraculous Mechanisms: Magic, Mystery, & a Very Strange Adventure


Par Lissa Evans, Sterling Children's Books, Stuart Horten 1

«As if being small and having S. Horten as his name isn't bad enough, now 10-year-old Stuart is forced to move far away from all his friends. But on his very first day in his new home, Stuart's swept up in an extraordinary adventure: the quest to find his great-uncle Tony - a famous magician who literally disappeared off the face of the earth - and Tony's marvelous, long-lost workshop. Along the way, Stuart reluctantly accepts help from the annoying triplets next door... and encounters trouble from another magician who's also desperate to get hold of Tony's treasures.»

Une aventure intrigante et mystérieuse, toute en stratagèmes et en poudre aux yeux. Lissa Evans tricote habilement une intrigue enlevante, multipliant les obstacles avec brio, triturant l'ordre chronologique, farfouillant dans le passé et surprenant le lecteur au détour des chapitres, de sa plume malicieuse et cocasse. Si l'inventivité de sa narration et la richesse de son imaginaire sont remarquables, c'est sa galerie de personnages délicieusement déroutants mais indiscutablement attachants qui m'a charmée dès la première ligne. Une épopée sublime, fourmillant d'imprévus, qui ravira à coup sûr!

(Ah, je ne peux pas résister... Voici un petit extrait, le tout début du premier chapitre en fait, pour vous mettre en appétit: "Stuart Horten was small for his age—the smallest boy in his grade at school—and both his parents were very tall, which meant that when he stood next to them he looked about the size of an ant. As well as being tall and quite old (especially his father), his parents were extremely clever people. But clever people aren’t always sensible. A sensible person would never give their child a name that could be written down as S. Horten. A sensible person would realize that anyone called S. Horten would instantly be nicknamed “Shorten,” even by his friends. And Stuart had quite a lot of friends. He also had a bike with eight gears, a yard with a tree house and a large and muddy pond. Life was pretty good.")


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★ 

vendredi 5 avril 2013

La petite fille en rouge


Par Aaron Frisch, histoire et illustrations par Roberto Innocenti, Gallimard Jeunesse

«Sophia réside près d'une forêt de béton et de briques. Pour aller chez sa grand-mère, elle doit traverser le Bois, un endroit magique qui se trouve être un immense centre commercial. Étourdie par cet univers, elle se perd. Un chasseur se présente à elle sur une moto noire. Une adaptation du "Petit Chaperon rouge" présentée avec deux fins, l'une tragique l'autre heureuse.»

Relecture très urbaine et crue du séculaire conte classique: c'est le Petit Chaperon Rouge des villes (ou des cités plutôt, pour être plus dans le ton). Attention aux âmes impressionnables et aux coeurs sensibles: Aaron Frisch et Roberto Innocenti ne font pas dans la dentelle! La plume de Frisch, déroutante de candeur, retrace le trajet désormais célèbre de la jeune fille au capuchon écarlate, s'éloignant très peu de l'histoire traditionnelle, laissant seulement s'épanouir le conte à travers une langue plus moderne, une structure plus contemporaine. Or, ce qui cause un choc certain, c'est la superposition de cette trame narrative relativement conventionnelle à l'univers visuel de Roberto Innocenti, touffu, hyperréaliste et d'une éloquence sans pitié. Innocenti dépeint le monde de la «petite fille en rouge» sans mettre de gants blancs. Il court-circuite l'apparente innocence de la plume de Frisch en imposant au lecteur l'envers des contes de fées: il éradique le bucolique et transfert l'action dans un monde sombre, dur, qui ne pardonne pas, un monde dont l'inexorable réalité ne permet pas de rêver. Et bien sûr, tout finit dans les larmes. Comme dans la version originale du conte de Perrault et de Grimm. Il y a bien cette fin alternative, hollywoodienne, qui tente de réparer les pots cassés, mais après une telle descente aux enfers, le lecteur ne peut plus croire au prince charmant. Petit bémol concernant la mise en page: l'idée de mettre le texte sur fond coloré et rectangulaire, tout en réduisant la dimension des illustrations de Roberto Innocenti (qui pourtant gagneraient à être mises en valeur étant donné leur foisonnement de détails) n'est pas très judicieuse. Toutefois, mis à part cette petite réserve de conception graphique, cet album chamboulant mérite définitivement qu'on s'y attarde. Public averti cependant.


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆



La Fugue


Par Pascal Blanchet, La Pastèque

«En hommage à ses grands-parents zazous et jazzophiles, Pascal Blanchet a mis leur vie en images avec un sens inégalé du rythme. À travers les souvenirs d’un pianiste de jazz, c’est l’histoire d’une génération qui est finalement racontée. La génération sacrifiée par la Seconde Guerre mondiale, récompensée par les trente glorieuses et qui, aujourd’hui, s’éteint sans bruit.»

Petit opus singulier, doux et bouleversant, sur le Temps qui passe, le Temps qui fuit, le Temps qui donne sans se priver et qui reprend sans crier gare. Pascal Blanchet entraîne le lecteur dans une ballade silencieuse où l'univers visuel mène le bal, éloquent, fascinant, maniant avec virtuosité l'ombre et la lumière, narrant les années qui s'égrainent, inexorablement, avec une sensibilité infinie et une éloquence émouvante. Un voyage au coeur de la musique et du silence, où s'épanouit l'humain, dans toute sa fougue et sa fragilité. Un délice troublant...

Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★

They Came to Baghdad



Par Agatha Christie, Harper Collins

«Baghdad is holding a secret superpower summit, but the word is out, and an underground organization in the Middle East is plotting to sabotage the talks. Into this explosive situation appears Victoria Jones, a young woman with a yearning for adventure who gets more than she bargains for when a wounded spy dies in her hotel room. The only man who can save the summit is dead. Can Victoria make sense of his dying words: Lucifer, Basrah, Lefarge...»

Un haletant petit voyage au Moyen-Orient du milieu du XXe siècle. Agatha Christie plonge le lecteur en plein tumulte politique, lui faisant emprunter les voies riches en rebondissements et vibrantes de danger des services secrets. On s'attache rapidement à la désinvolte Victoria Jones, agente amateure et impromptue, à son aplomb candide et sa vivacité d'esprit salutaire sans lesquels la vie de l'humanité ne tiendrait qu'à un fil (incluant la sienne, de vie!). Un bon petit roman d'espionnage bien ficelé, à dévorer sans tarder!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆


Pour le lire en version française

mardi 2 avril 2013

L'abominable


Par Danielle Chaperon, illustré par Iris, La Courte Échelle

«Anabelle Jolicoeur et moi étions inséparables. Mais depuis l’arrivée de l’ABOMINABLE, on doit tout faire à trois, et c’est comme si je n’existais plus… À deux, c’était bien mieux… Pauvre Clara! Mais l’ABOMINABLE est-elle si… abominable?»

L'histoire toute simple, universelle presque, de l'amitié et de son tourbillon d'émotions. Danielle Chaperon a su trouver les mots, laisser parler l'enfance dans toute son intensité, son authenticité et sa joyeuse résilience. Porté par l'univers visuel bien articulé (et très rigolo!) d'Iris, le lecteur suit avec plaisir l'éclosion, l'évolution et la résolution de cette «crise classique» des tout-petits (et des plus grands, aussi, parfois!). On s'attache aux personnages, on prend parti, on complote, on espère, bref, on s'y croirait! Un album indispensable pour apaiser les bleus et les bosses de l'âme, avec une touche d'humour...


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

The Monster's Monster

Écrit et illustré par Patrick McDonnell, Little, Brown Books for Young Readers

«Once upon a time, there were three little rascals who thought they were the BIGGEST, BADDEST monsters around. But when they decide to build a huge monster of their own, he isn't exactly what the creatures were expecting. He's happy. He giggles. He's just grateful to be alive. And he has a lesson for his grouchy creators that only takes two little words.»

Un opuscule exquis pour tous les «vrais» petits monstres de ce monde! Patrick McDonnell bricole une aventure mémorable, menée de main de monstre (!) par un quatuor de personnages au charme indéniable malgré leur apparence dégoûtante, euh, déroutante! Cette historiette simple comme tout comporte, il faut bien l'admettre, une morale peu subtile à la toute fin, maaaaaais la narration est si cocasse et sympathique, et l'univers visuel absolument délectable qu'on en oublie presque les miettes de pédagogie maladroite...! Promis! Un album hilarant qui vous fera frissonner... de rire!


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

The Sandman


Écrit et illustré par William Joyce, Atheneum Books for Young Readers, The Guardians of Childhood 2

«One foggy night, the Man in the Moon has a startling thought: when the moon is less than full and bright, who will keep children safe at night? He needs a backup plan! Or a backup Guardian, as it were. His keen eye falls upon a sleepy little fellow living on a sleepy little island who is a sweet-dreamer extraordinaire. Since good dreams always trump bad ones, this means Pitch, the Nightmare King, will be further thwarted in his nefarious quest to terrorize children. Indeed, Sanderson Mansnoozie seems the perfect choice. But there are two problems. Firstly, given that Sandy has never had a bad dream, how can MiM convince him how important this new role is to the happy-being of children everywhere? And secondly, how can MiM keep this snoozy ally awake long enough to help?»

Deuxième partie d'une chronique onirique envoûtante, celle des Guardians of Childhood, cet album vogue dans les mêmes eaux que sa genèse: un tendre voyage dans un univers pas si lointain, au coeur d'un imaginaire riche, guidé par une narration habilement évocatrice. William Joyce réussit donc à faire rêver, encore et toujours, par le biais de cette relecture vibrante des mythes de l'enfance. Son univers visuel tout doux, à la palette planante, caresse l'imagination avec finesse. Un album dans lequel on aimerait se lover, aux côtés du Sandman, par une journée grisonnante et pluvieuse, une journée aux mille rêveries...


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ☆

Zzzut!


Par Alain M. Bergeron, illustré par Samuel Parent, Soulières, Ma petite vache a mal aux pattes, Dominic

«Dominic doit faire une présentation orale devant la classe. Il connaît son texte par coeur, il l’a répété à voix haute avec des intonations et des gestes. Mais pourquoi ne veut-il plus sortir des toilettes? Nervosité, blanc de mémoire, trouille? Non. C’est tout simplement à cause de… Zzzut de Zzzut! Quand c’est coincé, c’est coincé…»

Un petit bonheur littéraire découvert il y a des années, et dont je ne me lasse pas; désopilant à souhait, c'est un indiscutable classique. Alain M. Bergeron tricote de sa plume agile et cocasse une savoureuse (més)aventure pour l'inénarrable Dominic. Comme à son habitude, il sait faire parler l'enfance, ses montagnes russes d'émotions en vrac, ce regard candide et vrai sur la vie, et ces petits bijoux de situations singulières où l'imprévu, l'improbable et l'inopiné pimentent joyeusement le quotidien avec un humour et aplomb. Un pur moment de délice à déguster en famille...


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★ 

lundi 1 avril 2013

Moi, Zèbre Bouchard




Par Myriam de Repentigny, illustré par Yvan Deschamps, Soulières, Ma petite vache a mal aux pattes

«"Quand je me présente, les gens rient et, jusqu’à maintenant : 
– 483 personnes m’ont dit que mon prénom était un nom d’animal 
– 74 m’ont demandé comment j’avais fait pour m’échapper de la savane 
– 56 ont ri et ont dit : « Ah oui? Moi, c’est Éléphant » ou encore « Enchanté, je me nomme Kangourou! ». 
Vous riez, hein? Hé bien, je vais vous dire quelque chose : ce n’est pas drôle du tout!"»

Intriguée par le titre et la quatrième de couverture, je me suis lancée dans ce récent opuscule le sourire aux lèvres et l'espoir au coeur. Malheureusement, si Myriam de Repentigny a concocté une galerie de personnages tous plus savoureux les uns que les autres, son historiette, bien que fort rigolote, est plutôt cousue de fil blanc et un poil trop ostensiblement pédagogique à mon goût, avec sa morale pontifiante qu'on voit poindre dès les premiers chapitres. C'est vraiment dommage puisque la prémisse était si intéressante, l'univers visuel d'Yvan Deschamps habile et cocasse, et les personnages indiscutablement attachants!... Un petit roman un brin maladroit donc, mais qu'un très jeune public risque d'aimer découvrir...


Lili lui donne: ★ ★ ★ ☆ ☆

J'ai mis du sable dans mon cartable


Par Christine Beigel, illustré par Clotilde Perrin, Sarbacane

«Un petit garçon met du sable dans son cartable au lieu des cahiers. Il se rappelle les vacances passées à la plage avec sa grand-mère. Mais, peu à peu, le sable s'échappe du cartable et les cahiers le remplacent. En attendant les prochaines vacances...»

Une petite douceur, tendre et nostalgique. Christine Beigel murmure la mer, et l'enfance, et les vacances, et l'amour à l'oreille du lecteur. Sa plume fleurie sait dire entre les lignes, sait faire vibrer l'essentiel entre les mots. Au coeur du sublime univers visuel de Clotilde Perrin, à la composition audacieuse et éloquente, aux traits candides et à la sensibilité juste, cette histoire toute simple émeut, touchante de vérité, ourlée de la poésie de l'enfant. Une petite merveille pour les yeux et pour l'âme...


Lili lui donne: ★ ★ ★ ★ ★