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samedi 14 novembre 2009

La littérature en revues...

Je me suis toujours demandée pour qui les revues spécialisées étaient conçues... pour des obsessifs des passe-temps, quels qu'ils soient, pour des passionnés purs et durs ou pour monsieur tout le monde qui a envie de plonger dans le sujet l'espace d'une publication? J'imagine que l'idéal se situe dans un dosage judicieux des deux dernières affirmations... mais combien de revues spécialisées axent plutôt uniquement leur contenu vers une élite dans leur domaine? Beaucoup trop!

Prenons par exemple, la panoplie de revues littéraires disponibles en kiosque... Étant moi-même une férue de lecture, j'en ai feuilletées, et lues, et achetées plusieurs. Des européennes, des québécoises, des graphiquement efficaces, des affreuses, des passionnantes et des ennuyantes. Mais trop souvent, je ne me suis pas reconnue dans leur contenu. Bon, vous me direz que mes coups de coeur littéraires se retrouvent souvent du côté de la jeunesse, bien que je lise tout plein d'autres genres destinés aux adultes. Eh bien, à ma grande tristesse, même la revue Lurelu (spécialisée en littérature jeunesse, voir leur site) trouve le moyen d'écraser sa fantastique sélection de livres saisonnière entre des dossiers d'actualité lourds et pompeux. De l'intellectualisation à tous prix, voilà de quoi souffrent les revues spécialisées dans nos kiosques! Loin de moi l'idée de condamner le journalisme littéraire, mais tout est dans le ton et la façon d'approcher le lectorat. À l'ère de l'internet, alors que nombre de publications, version papier, battent de l'aile, il importe, je crois, de s'assurer de véritablement rejoindre ce lectorat fuyant vers la Toile à cause d'une soif de dynamisme qui n'est peu ou pas assouvie par l'offre des revues littéraires. Et on ne rejoint pas un lectorat en le prenant de haut ou en lui déversant de l'information certes complète, mais lancée en bloc, comme une massue, sous-entendant que seuls les «vrais initiés» sauront recevoir et comprendre ce laïus informatif, transformer cette pierre philosophale de connaissances en carburant à passion. Non, désolée, ce temps est révolu.

Bien sûr, certaines revues font des efforts dans le bon sens. Je viens par exemple de finir d'écumer Le Libraire, version papier (pour ceux qui ne connaissent pas, c'est une publication bi-mensuelle gratuite sur la littérature, voir leur site où vous pourrez la consulter en version électronique) à la recherche de nouveaux livres pour la gourmande que je suis... Or, malgré la richesse de ses pages, je dois confesser, au grand dam peut-être de plusieurs coeurs purs de la littérature, que je le lis rarement d'une couverture à l'autre, à cause de ses articles de fond. Ils sont certes bien écrits et édifiants, mais j'ai plutôt tendance à grapiller des suggestions de lecture ici et là, à farfouiner entre les colonnes pontifiantes et transpirant la lutte pour la survie de la littérature, à la recherche du trésor perdu... Cette revue a pourtant fait des choix intéressants dans les dernières années, en créant un portail internet sur la littérature et la nécessité de conserver des librairies indépendantes; portail où tout le contenu de la revue est mis en ligne, de façon dynamique et interactive. Malheureusement, si leur site est attrayant et donne envie de s'y attarder, le ton des articles (le même que dans la version papier) demeure le même. Un ton littéraire un peu trop soutenu, saupoudré d'idéalisme et s'adressant à «ceux qui lisent vraiment»... C'est dommage car leur palette de chroniques (dont la délicieuse Les libraires craquent) est prometteuse. Peut-être que dans quelques années, une nouvelle fraîcheur de plume viendra soutenir leurs efforts récents pour s'ouvrir au nouveau lectorat...

Bien sûr, le tableau n'est pas tout noir. Il existe au moins une revue littéraire sur support papier qui permet une lecture linéaire intéressante et surtout stimulante; il s'agit d'Entre les lignes (voir leur site), revue littéraire québécoise saisonnière. Cette revue a fait le choix heureux d'axer vers l'accessibilité sans tomber dans l'anorexie journalistique. Entre les lignes ne prend en effet pas ses lecteurs pour des demeurés mais évite de leur assener une suite interminable de dissertations élitistes sur la «vraie» littérature. Une revue québécoise, qui fête son cinquième anniversaire cette année, et qui gagne à être connue...

Bon, voilà pour la montée de lait! ;) Si vous mettez le doigt sur d'autres revues littéraires sympathiques et inclusives, faites-moi signe! Je me ferai un plaisir de m'y plonger... quoique, bien sûr, aussi chouette soit la revue, ça ne vaudra jamais le plaisir de disparaître dans un bon gros livre!