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dimanche 16 juillet 2017

L'histoire extraordinaire d'Adam. R. : le nain qui devint géant


Par Didier Lévy, illustré par Tiziana Romanin, chez Sarbacane.
Résumé de l'éditeur:
«Voici l’histoire véridique du seul nain qui, devenu adulte, se remit soudain à grandir et devint un géant de 2 m 34. Elle nous est contée ici par son voisin : à 4 ans, il fait la même taille qu’Adam, qu’il prend pour un enfant comme lui, puis il grandit et dépasse Adam, toujours nain. Avant d’assister à sa métamorphose incroyable, unique au monde : Adam, soudain, ne s’arrête plus de grandir…»

La différence est un étrange clin d’oeil de l’ordre des choses. La différence rend unique. La différence rend extraordinaire. Mais la différence rend, parfois, aussi, seul. Seul au beau milieu d’un monde à oeillères à qui l’inexplicable donne le vertige. Heureusement, certains savent voir autrement. Certains savent distinguer le précieux et le vrai à travers les brumes mensongères du regard des autres. Certains savent aimer en dehors des sentiers battus. Sur la pointe des mots, Didier Lévy chuchote au lecteur l’histoire incroyable et irrésistible des entourloupes de la coquine génétique de ce fameux Adam R. qui rendit l’impropable possible. Bercé par l’univers visuel tout en tendre finesse de Tiziana Romanin, à la palette feutrée et aux textures éloquentes, racontant l’indicible en multipliant les détails évocateurs, ce touchant opuscule sait dire l’amitié inconditionnelle, celle qui ne s’enfarge pas dans les conventions d’une société que le singulier déstabilise. Sublime!


Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮  

dimanche 2 juillet 2017

La légèreté


Scénario et dessins de Catherine Meurisse, chez Dargaud.
Résumé de l'éditeur:
«Dessinatrice à Charlie Hebdo depuis plus de dix ans, Catherine Meurisse a vécu le 7 janvier 2015 comme une tragédie personnelle, dans laquelle elle a perdu des amis, des mentors, le goût de dessiner, la légèreté. Après la violence des faits, une nécessité lui est apparue : s'extirper du chaos et de l'aridité intellectuelle et esthétique qui ont suivi en cherchant leur opposé – la beauté. Afin de trouver l'apaisement, elle consigne les moments d'émotion vécus après l'attentat sur le chemin de l'océan, du Louvre ou de la Villa Médicis, à Rome, entre autres lieux de renaissance.»

Il y a de ces moments où le temps s’arrête net. Figé. Tétanisé. Forcé de freiner au vol son sablier inéluctable, sous le choc de l’innommable. De ces moments qui font disparaître l’horizon, et tomber l’insouciance en miettes. Des moments qui font entrer le sable de l’horreur et du doute dans l’engrenage autrement bien huilé de l’existence. Qui réécrivent les règles et redessinent l’avenir. Des moments desquels on peut se sortir vivants, mais qui obligent à réapprendre à vivre. Tout en simplicité, Catherine Meurisse raconte à sa manière comment cette tragédie lui a fait perdre pied, chamboulant ses repères sans ménagement, la coupant du réel, qui poursuivait inexorablement son cours sans se soucier de son âme en morceaux, et lui volant sa capacité à voir autrement, à être sensible à l’imperceptible beauté tapie entre les bêtises de l’Homme. À travers un univers visuel à l’éloquence ébouriffée et à la palette évocatrice, cet opus sait dire l'insaisissable et le déroutant tout en nuances, avec justesse et authenticité. Une bouffée de sublime et de remuant qui dévoile l'insoutenable sous un jour troublant d'humanité, et jaillir l’espoir là où on l’y attend le moins.  

Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮