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jeudi 17 décembre 2015

La femme qui fuit

Par Anaïs Barbeau-Lavalette, chez Marchand de feuilles
Quatrième de couverture:
«Anaïs Barbeau-Lavalette n'a pas connu la mère de sa mère. De sa vie, elle ne savait que très peu de choses. Cette femme s'appelait Suzanne. En 1948, elle est aux côtés de Borduas, Gauvreau et Riopelle quand ils signent le Refus Global. Avec Barbeau, elle fonde une famille. Mais très tôt, elle abandonne ses deux enfants. Pour toujours. Afin de remonter le cours de la vie de cette femme à la fois révoltée et révoltante, l'auteur a engagé une détective privée. Les petites et grandes découvertes n'allaient pas tarder. Enfance les pieds dans la boue, bataille contre les petits Anglais, éprise d'un directeur de conscience, fugue vers Montréal, frénésie artistique des Automatistes, romances folles en Europe, combats au sein des mouvements noirs de l'Amérique en colère; elle fut arracheuse de pissenlits en Ontario, postière en Gaspésie, peintre, poète, amoureuse, amante, dévorante... et fantôme. La femme qui fuit est l'aventure d'une femme explosive, une femme volcan, une femme funambule, restée en marge de l'histoire, qui traversa librement le siècle et ses tempêtes. Pour l'auteur, c'est aussi une adresse, directe et sans fard, à celle qui blessa sa mère à jamais.»

«Être, ou ne pas être?»: question essentielle, fondamentale, humaine. Être soi, exister, ou se fondre, céder sa place. Être, haut et fort, envers et contre tout, envers et contre tous, ou s’éteindre sagement dans le ronronnement aliénant de l’attendu. Mourir comme on prend racine, ou poursuivre, sans regarder en arrière, une liberté insaisissable. C'est l'histoire de Suzanne, et de sa fuite généalogique et artistique: son histoire avec un petit et un grand «H». D’une plume fine et juste, directe, impitoyable, Anaïs Barbeau-Lavalette retricote la vie de cette grand-mère qui a refusé d’en être une, révélant par petites touches, tout en simplicité et en authenticité, un tourbillon d’existence, un chaos de chaque instant. Travestissant habilement le réel en lui faisant donner la parole aux errances d’une âme terrée dans le mouvement perpétuel, narrant sans juger, mais sans pitié, du regard curieux de celle qui cherche à comprendre, elle sait faire parler le mutisme déterminé, révéler l’ineffable. Opus touffu qui chamboule les perceptions, piétine les oeillères, et témoin astucieux d’une époque où bouillonnaient, indomptables, la création à l’état brut, l’art rugueux de la spontanéité, et les semis d’une révolution en devenir, c'est un plongeon de l’autre côté du miroir dont on ne ressort pas indemne, et qui dévoile l’humain comme jamais, dans le vertige terrifiant et l'étrange fascination de ses failles et de ses élans.

«Parce que je suis en partie constituée de ton départ. Ton absence fait partie de moi, elle m’a aussi fabriquée. Tu es celle à qui je dois cette eau trouble qui abreuve mes racines, multiples et profondes. Ainsi, tu dois continuer d’exister. Dans ma soif inaltérable d’aimer. Et dans ce besoin d’être libre, comme une nécessité extrême. Mais libre avec eux. Je suis libre ensemble, moi.» (Extrait de «La femme qui fuit»)



Lili lui donne: ✮ ✮ ✮ ✮ ✮ 

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